Le ministre de la santé et de l’hygiène publique, professeur Moustafa a partagé mercredi avec les acteurs du secteur de la santé et les partenaires techniques et financiers, les résultats de la réforme de contractualisation des hôpitaux publics du Togo. La rencontre a vu la présence du Dr Matshidiso Rebecca Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique en visite dans le pays depuis mardi 23 avril.
Lancé en juin 2017 avec le CHR d’Atakpamé et le CHP Blitta, l’approche contractuelle « à la togolaise » est fondée sur le principe de délégation de la gestion des structures hospitalières publiques à une entité privée. C’est-à-dire que l’Etat a signé un contrat avec une société spécialisée dans la gestion des hôpitaux, à qui il délègue la gestion des hôpitaux. Ce n’est pas une privatisation parce que la structure hospitalière reste et demeure publique.
Plus d’un an et demi ou deux ans d’exécution après, de la phase pilote à l’extension à d’autres centres de santé, les résultats sont au rendez-vous selon le ministre de la santé, professeur Mijiyawa. « Aujourd’hui en espace d’un peu plus d’un an pour certains et de deux ans pour d’autres, cette contractualisation a beaucoup assaini la gestion des finances des hôpitaux et en dehors de ça, elle a impacté sur les taux de consultations, de fréquentations, l’aspect maternité et prise en charge chirurgicale », a indiqué le ministre Mijiyawa. Il précise, qu’avec ces résultats « encourageants », cela incite à procéder à une « extension rapide du processus pour que tous les hôpitaux publics soient concernés ».
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En plus de la bonne gestion, la contractualisation prévoit aussi l’équipement ou la réhabilitation des centres concernés. « Ces deux aspects réunis vont nous permettre de mettre en place un système de santé de base robuste, ce qui va rendre viable aussi bien les entités de référence qui sont en cours de construction que la couverture maladie pour laquelle nous sommes en train de procéder à une extension progressive », affirme le ministre.
Aujourd’hui, sept centres sont passés sous le régime de la contractualisation, à savoir le CHU Sylvanus Olympio de Lomé, les CHR Kara, d’Atakpamé, de Dapaong, Sokodé, le CHP de Blitta et le CMS de Siou et les prochains centres qui seront touchés seront l’hôpital de Bè, le CHU Campus, le CHR Lomé-commune, le CHP de Notsé et Kpalimé.
Quelques résultats sur le terrain
Au CMS Siou, par exemple, le taux de fréquentation a augmenté de 20%, le taux des consultations externes de 31%, le taux d’hospitalisation de 7% et le taux d’imagerie de 18%.
Les recettes des prestations ont augmenté de 21% et celles de la pharmacie de 64%, entraînant une hausse totale de recettes de 44%.
Les mêmes tendances ont été observées dans les autres formations sous contractualisation que sont le CHU Kara, les CHR de Dapaong, de Sokodé et d’Atakpamé et le CHP de Blitta.
Par ailleurs, d’autres résultats ont été enregistrés notamment, la disponibilité en médicament est supérieure à 95%, la motivation et la valorisation des agents désormais impliqués dans la gestion à travers le comité de trésorerie, la réhabilitation et l’équipement de certaines structures.
Appréciation positive de l’OMS
Pour la directrice Afrique de l’organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Matshidiso Rebecca Moeti, ce programme de contractualisation est « très intéressant ». « Nous savons tous que le système de santé Africain mérite d’être mieux financé, ça veut dire qu’il y a lieu d’augmenter le budget de la santé, mais le gouvernement togolais a décidé d’aller avec l’argent disponible pour avoir de bons résultats, ce qui va impacter sur la santé des populations et améliorer l’efficience du système de la santé avec les ressources existantes (…) Je pense que l’Etat a bien ciblé et déjà j’ai trouvé les résultats très impressionnants, pour avoir améliorer la gestion, la gouvernance et surtout le processus qui a montré la potentialité d’amélioration des bénéfices pour la population », a indiqué Dr Matshidiso Rebecca Moeti.
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« J’ai été très impressionnée par les chiffres que le ministre a partagés, et je pense que le pays est sur la bonne voie d’avoir entamé cette initiative. Ce que nous pouvons faire comme l’OMS, c’est d’appuyer ce que fait le Togo avec d’autres ministères impliqués dans le processus des hôpitaux parce qu’il y a beaucoup à apprendre et déjà avec les résultats, les données disponibles, nous allons voir comment partager ça avec d’autres pays africains afin qu’eux aussi essayent de voir comment avoir plus de bénéfices avec les ressources déjà disponibles », ajoute la Directrice Afrique.
Pour elle, tous les pays cherchent à augmenter l’allocation de budget, c’est vrai, mais « nous pouvons avoir de résultats beaucoup plus mieux si nous arrivons à améliorer la gestion, la gouvernance, l’efficience des hôpitaux », recommande-t-elle.