Politique

Gayibor Nikoué, Goeh-Akue, Deckon Kuassi, Nao Aklesso, Folikoué Ekoué, et une centaine autres togolais s’opposent à la révision constitutionnelle 

Ils sont plus de cent-cinquante togolais, notamment des enseignants chercheurs dont les professeurs Gayibor Nikoué, Goeh-Akue, Deckon Kuassi, Nao Aklesso, Folikoué Ekoué, des acteurs politiques et de la société civile, des retraités, des citoyens à signer cet appel pour dire non à la révision constitutionnelle qui bascule le Togo dans la cinquième République avec un régime parlementaire.

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APPEL AUX CITOYEN(NE)S TOGOLAIS(ES) ET AFRICAIN(E)S, À TOUTES LES FEMMES ET À TOUS LES HOMMES DE BONNE VOLONTÉ ATTACHÉS À LA DÉMOCRATIE

Cher(e)s Citoyen(ne)s Togolais(es) et Africain(e)s,

Dans la nuit du 25 mars 2024, une forfaiture a été commise au Togo: 89 personnes, membres de l’Assemblée Nationale dont le mandat a pris fin depuis trois mois, une assemblée d’ailleurs élue, en 2018, dans des conditions contestables et contestées, ont estimé qu’il est de leur prérogative de changer la nature du régime de l’État togolais. Le pouvoir législatif prétend donc que nous entrerons dans une cinquième République. Les députés sont passés outre les protestations des citoyens, et en violation de la Loi Fondamentale dans ses articles 52 et surtout 59 qui stipule que « Le président de la République est élu au suffrage universel, libre, direct, égal et secret pour un mandat de cing (5) ans renouvelable une seule fois. Cette disposition ne peut être modifiée que par voie référendaire. >> Et l’art. 144 stipule aussi ceci <« Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie en période d’intérim ou de vacance ou lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. >>>

Lire aussi –Kako Nubukpo : « Une révision constitutionnelle d’une telle ampleur nécessite un débat voire un référendum »

Les députés démontrent de ce fait que la Constitution Togolaise, adoptée dans un consensus national à l’issue d’un referendum en 1992, peut être triturée dans le sens des désirs du parti au pouvoir.

Nous, citoyens, intellectuels, artistes, acteurs politiques et de la société civile, avons décidé de sortir de la marginalité à laquelle le pouvoir nous contraint pour marteler notre REFUS de ce changement qui s’est fait dans l’irrégularité. Nous sommes décidés à proclamer notre REJET, par toutes les voies légales, de l’acte total ainsi posé car nous sommes conscients de notre rôle de citoyen(ne)s et de lanceurs/lanceuses d’alerte. C’est pourquoi, nous clamons:

ILS SONT ALLÉS TROP LOIN!

Nous vous appelons, citoyen(ne)s togolais(es), vivant sur le territoire de notre pays ou dans la diaspora, à sortir du silence où vous vous tenez à cause de la négation de nos libertés d’expression et de manifestation, par le pouvoir actuel.

Rendons-nous compte que le parti Union pour la République (UNIR) et ceux qui le soutiennent ne pouvaient en arriver à de telles extrémités que parce qu’ils cherchent désespérément à se maintenir au pouvoir et à prolonger la gouvernance du pays, initiée avec le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), parti unique. Ils savent qu’ils sont dans l’irrégularité, c’est pourquoi, ils ont voulu nous mettre devant le fait accompli. Mais s’ils travaillaient dans notre intérêt, auraient-ils profité de l’ombre de la nuit pour procéder à leur vote scélérat ?

Non, alors, nous leur disons, dans la lumière du jour et la clarté de la légitimité d’un peuple souverain:

VOUS ÊTES ALLÉS TROP LOIN!

Si le pouvoir UNIR s’occupait de nos intérêts, le Togo traverserait-il la crise actuelle: une pauvreté qui grandit de jour en jour, une inflation débridée, alors que le secteur de la santé souffre d’un manque aigu de ressources et que l’éducation connait de graves dysfonctionnements? Si le parti au pouvoir était un tant soit peu inquiet de l’état de notre pays, laisserait-il la corruption se développer dans un pays où l’économie n’a pas pu décoller au bout de plusieurs décennies de gestion calamiteuse? Non, alors disons leur:

VOUS ÊTES ALLÉS TROP LOIN!

Nous constituons dans la sous-région l’exception du pays qui n’a jamais connu l’alternance en un demi-siècle, alors que nous nous réclamons de la CEDEAO dont le Togo vient d’enfreindre toutes les règles par ce changement de Constitution. Nous vous faisons appel, à vous citoyen(ne)s de la CEDEAO des peuples, soutenez-nous dans ce combat car,

ILS SONT ALLÉS TROP LOIN!

Comment peut-on ainsi bafouer tous les piliers de la démocratie en touchant sans gêne au texte fondamental d’un pays sans large consensus politique et social et se dire en même temps démocrate? Comment peut-on pröner le dialogue dans la sous-région et ne pas le pratiquer dans son propre pays? Comment peut-on vouloir promouvoir le panafricanisme sans être capable de rassembler d’abord les citoyens, dans leur diversité, au sein de sa Nation?

Nous vous lançons donc cet appel, Femmes et Hommes de bonne volonté, attachés à la démocratie, pour que notre pays ne replonge pas dans l’obscurité d’un régime autocratique, sous la chape de plomb des pratiques antidémocratiques. Dites-le avec nous, criez avec nous:

ILS SONT ALLÉS TROP LOIN!

ET MOBILISONS-NOUS POUR REJETER CETTE FORFAITURE!

C’est pourquoi, en vertu de l’art.104 de la Constitution, nous demandons au

Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), au

Médiateur de la République et au Président de la Haute Autorité de

l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) de saisir la Cour

constitutionnelle pour violation de notre Constitution.

Nous demandons au Président de la République et à son parti d’arrêter le

processus en cours pour le bien de notre pays.

Lomé le 29 mars 2024

 

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