
Après plus de 60 ans de présence continue, la France a officiellement retiré ses dernières troupes du Sénégal ce jeudi, au terme d’une cérémonie de restitution du camp Geille et de l’escale aéronautique militaire à l’État sénégalais.
Ce moment hautement symbolique, présidé par le général sénégalais Mbaye Cissé et son homologue français Pascal Ianni, marque la dissolution définitive des Éléments Français au Sénégal (EFS). Ces derniers étaient jusqu’ici composés d’environ 350 soldats stationnés à Dakar.
Un tournant historique sous le sceau de la souveraineté
Ce retrait s’inscrit dans la vision politique du président Bassirou Diomaye Faye, élu en avril 2024, qui avait dès sa campagne annoncé la fin de toute présence militaire étrangère sur le sol sénégalais.
« Le Sénégal est un pays souverain. La souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires étrangères », avait-il déclaré en novembre 2024.
Plutôt que de rompre brutalement avec Paris, Dakar a opté pour une transition concertée, symbolisant un partenariat redéfini, non une rupture des relations.
Un retrait dans un contexte régional de recomposition stratégique
Le retrait français du Sénégal s’ajoute à une tendance régionale plus large : depuis 2022, la présence militaire française a été contestée ou rejetée dans plusieurs pays du Sahel et d’Afrique centrale, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad et au Gabon. Dans certains cas, ces départs ont été précipités par des coups d’État ou des mobilisations populaires contre la présence militaire étrangère.
Si les bases militaires ferment, la coopération militaire entre Dakar et Paris ne prend pas fin pour autant. Elle se poursuivra sur des bases redéfinies, axées sur l’échange d’expertise, la formation et le partenariat technique, sans présence militaire permanente.
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Ce retrait est perçu comme un signal fort d’autonomie stratégique du Sénégal et un jalon important dans la construction d’un nouveau rapport entre la France et ses partenaires africains, basé sur le respect mutuel, la souveraineté et l’égalité.