Afrique

Extradition de Hugues Sossoukpè : le gouvernement béninois justifie une opération controversée

Sous le feu des critiques après l’arrestation et l’extradition du journaliste Hugues Comlan Sossoukpè depuis la Côte d’Ivoire, le gouvernement béninois tente de reprendre la main. Invité ce dimanche 20 juillet sur Canal 3 Bénin, le porte-parole de l’exécutif, Wilfried Léandre Houngbédji, s’est employé à éteindre la polémique, dénonçant des accusations « infondées » et un procès d’intention.

« Vous ne pouvez pas dire que cela a été fait en dehors de toutes connaissances des autorités ivoiriennes », a-t-il lancé, en réaction à une vague de condamnations sur les réseaux sociaux, où certains ont qualifié l’extradition de « kidnapping d’État ». Pour lui, tout s’est déroulé dans les règles de la coopération intergouvernementale, même si les détails précis de la procédure restent flous.

Le porte-parole balaie également les rumeurs selon lesquelles le journaliste aurait été piégé via une convocation diplomatique. Il affirme que Sossoukpè résidait déjà en Côte d’Ivoire, et que « des agents de police l’ont ramené au Bénin », sans évoquer les modalités précises de cette remise.

Sur le fond, le gouvernement joue la carte de la responsabilité, opposée à la liberté d’expression. « Certains évoqueront la liberté d’expression. Certes, le gouvernement y est attaché, mais nous savons aussi que la liberté rime avec la responsabilité », a-t-il insisté, pointant les publications du journaliste sur les réseaux sociaux.

lire aussi-Affaire Sossoukpè : Sèdami Fagla salue une interpellation « attendue et nécessaire »

Arrêté à Abidjan le 10 juillet, puis présenté le 14 juillet à la CRIET, Hugues Sossoukpè a été incarcéré sous mandat de dépôt. Les charges sont lourdes : incitation à la rébellion, à la haine et à la violence, harcèlement électronique, apologie du terrorisme. Le parquet l’accuse d’avoir attisé les tensions sociales et mis en danger la cohésion nationale par ses contenus jugés subversifs.

Mais pour plusieurs observateurs, cette affaire illustre une fois de plus le durcissement du régime face aux voix critiques, dans un contexte où la liberté de la presse au Bénin semble de plus en plus menacée. L’affaire Sossoukpè pose une question plus large : celle de la limite entre responsabilité journalistique… et répression politique.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page