
L’Affaire Moussa Mara soulève des questions sur la justice numérique. Quelles actions face aux opinions exprimées sur les réseaux sociaux ? Le 4 juillet 2025, un tweet de l’ancien Premier ministre malien Moussa Mara déclenche une onde de choc. Dans son message, il exprime son soutien à des figures qualifiées de “détenus d’opinion” et conclut par des mots jugés sensibles par le parquet :
« Nous nous battrons par tous les moyens pour que cela arrive et le plus tôt possible ».
Relayée massivement sur les réseaux sociaux, cette déclaration alimente les débats. Pour certains, c’est un geste politique classique. Pour d’autres, une prise de position à la limite de l’incitation contre l’autorité judiciaire.
Le Pôle de cybercriminalité entre en action
Face à cette publication, le Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, mis en place en 2022, ouvre une enquête. Cette juridiction spécialisée, composée de magistrats et d’experts numériques, est chargée d’appliquer les lois dans le cyberespace, en particulier sur les infractions touchant à l’ordre public.
La procédure enclenchée contre Moussa Mara s’inscrit dans un cadre légal établi. L’ancien chef du gouvernement est entendu, puis placé sous mandat de dépôt. Son procès est prévu en septembre.
« Aucune procédure d’exception, aucun traitement particulier », souligne une source proche du dossier. « Il s’agit d’une application stricte de la loi, comme pour tout citoyen. »
Liberté d’expression et responsabilité publique
Si certains dénoncent une dérive ou un musellement des opinions, les autorités judiciaires insistent : dans un État de droit, la liberté d’expression n’est pas absolue. Elle s’exerce dans les limites définies par la loi, notamment lorsque les propos peuvent troubler l’ordre ou attiser les tensions.
Le Pôle cybercriminalité rappelle qu’il n’agit pas pour censurer les idées, mais pour prévenir les dérives dans l’espace numérique, où les mots peuvent devenir des catalyseurs d’instabilité, surtout s’ils viennent d’anciens responsables politiques.
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Un signal : la loi s’applique à tous
L’affaire Moussa Mara marque une étape importante : celle d’une justice numérique qui entend faire respecter les règles, quelles que soient les personnes concernées. Ni exception, ni privilège.
Ce que révèle ce dossier, c’est une volonté de régulation, et non de répression. Dans un espace digital en pleine expansion, le Mali choisit d’encadrer plutôt que de subir.