Afrique

Cybercriminalité : trois Ghanéens extradés aux États-Unis pour une escroquerie sentimentale de 100 millions de dollars

Trois ressortissants ghanéens, âgés de 36 à 40 ans, vont être jugés aux États-Unis après leur extradition. Ils sont accusés d’avoir dirigé un vaste réseau d’arnaque sentimentale en ligne, qui aurait soutiré près de 100 millions de dollars entre 2017 et 2023 à des victimes principalement basées aux États-Unis et en Europe.

Selon le FBI, les trois hommes, qui se surnommaient « les présidents », opéraient à travers une organisation surnommée « l’entreprise ». Les victimes, qualifiées de « clients », étaient ciblées via de faux profils créés sur les réseaux sociaux. Les escrocs séduisaient des personnes vulnérables, souvent âgées et isolées, avant de leur soutirer d’importantes sommes d’argent.

Un système bien huilé leur permettait de blanchir les fonds à travers un vaste réseau de complices répartis en Afrique de l’Ouest. « Ils ne travaillent pas seuls. Parfois trois brouteurs s’attaquent à une même victime en même temps, puis partagent le butin. Ils ont des relais en Côte d’Ivoire, au Cameroun ou ailleurs », explique le chercheur en cybercriminologie Suleman Lazarus.

En Afrique de l’Ouest, ce phénomène est loin d’être marginal. Au Nigeria, on parle des Yahoo boys, au Ghana des Sakawa boys. Dans certaines communautés, ces escrocs jouissent même d’une certaine considération sociale, grâce à leur argent et à leurs dons.

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Des techniques de plus en plus sophistiquées

Les fraudeurs utilisent désormais l’intelligence artificielle pour manipuler photos, vidéos et même voix, rendant les escroqueries encore plus crédibles. De nombreuses victimes tombent dans le piège.

C’est le cas d’Isabelle, 62 ans, contactée en 2021 par un faux profil se faisant passer pour l’acteur péruvien Marco Zunino. Après six mois de conversations quotidiennes, l’escroc a commencé à lui demander de l’argent pour de prétendues urgences. Isabelle, prise au piège affectif, a versé près de 29 000 euros.
« Pendant trois ans, on était comme un couple. C’est comme une drogue… J’ai fini coupée de mes enfants. J’en ai juste une sur cinq qui me parle encore », confie-t-elle.

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Cette manipulation psychologique laisse de lourdes séquelles : dépendance affective, isolement social, dépression. Malgré plusieurs plaintes déposées, Isabelle peine encore à tourner la page.

Un phénomène en pleine expansion

Les arnaques sentimentales, difficiles à quantifier, explosent à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, les escroqueries en ligne, toutes catégories confondues, ont bondi de 33 % en 2024, pour un préjudice estimé à 16 milliards de dollars sur l’année.

Face à l’ampleur du phénomène, des collectifs de victimes, comme la page Facebook Assistance aux victimes d’arnaqueurs sentimentaux (A.V.A.S.), tentent de sensibiliser et de prévenir. Mais leurs actions restent dérisoires au regard de la puissance de ces réseaux criminels transnationaux.

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