
La manifestation annoncée par le Mouvement du 6 juin (M66) ce samedi 30 août à Lomé a tourné court. Entre dispositif sécuritaire étouffant et contre-programmation officielle, les rues de la capitale ont vite repris leur calme. Mais deux figures ont marqué la journée : l’ex-ministre Marguerite Gnakadè et l’artiste engagé Aamron.
Ancienne ministre des Armées et longtemps proche du régime, Marguerite Gnakadè a osé franchir le pas : marcher avec les contestataires. Le geste est fort, mais sa tentative s’est arrêtée net. À peine 200 mètres parcourus, la sexagénaire a été interceptée et reconduite manu militari chez elle. Une image qui restera : celle d’une ex-responsable gouvernementale empêchée d’exercer son droit de manifester.
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Aamron : la voix muselée
Pendant ce temps, à quelques kilomètres, l’artiste Aamron voyait son portail forcé par des gendarmes. Empêché de sortir, son téléphone saisi, des vidéos effacées… avant qu’il ne récupère son appareil. Sa mère, choquée, a dénoncé des brutalités : « On nous a poussés comme des bœufs », a-t-elle lâché, la voix tremblante. Le chanteur, figure de la jeunesse contestataire, incarne à lui seul le verrouillage ambiant.
Une marche invisible
Peu de slogans, peu de pancartes, et surtout peu de marcheurs. Contrairement aux mobilisations massives de juin, ce 30 août a ressemblé à une journée ordinaire à Lomé. Les Togolais, découragés par la présence massive des forces de sécurité et happés par les Journées nationales du sport organisées en parallèle, ont largement déserté le terrain.
Et maintenant ?
Le M66 voulait frapper un grand coup. Résultat : une marche étouffée avant même d’avoir commencé. Mais la présence de Gnakadè, et le sort réservé à Aamron, redonnent un visage à la contestation. Dans un Togo où chaque prise de parole critique est immédiatement contenue, ces épisodes laissent entrevoir une bataille plus symbolique que populaire.









