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Cinq choses à savoir sur les masques jetables et la pollution plastique

La lutte contre la pollution plastique est touchée par la pandémie de Covid-19, alors que l’utilisation de masques jetables, de gants et d’autres équipements de protection monte en flèche. Mais si des mesures efficaces sont mises en place, la quantité de plastiques jetés chaque année peut être considérablement réduite, voire éliminée.

Le confinement imposé dans le monde entier a entraîné une baisse spectaculaire de 5 % des émissions de gaz à effet de serre, selon les estimations de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Mais les mesures prises pour contenir la pandémie sont loin d’avoir toutes eu un impact positif sur l’environnement.

Rues, plages et océans ont été frappés par un raz-de-marée de déchets en lien avec la Covid-19 que sont notamment les masques faciaux en plastique, les gants, les flacons de désinfectant pour les mains et les emballages alimentaires.

1) Pollution due à une forte augmentation des ventes de masques

La promotion du port de masques comme moyen de ralentir la propagation de la Covid-19 a conduit à une augmentation extraordinaire de la production de masques jetables : la CNUCED, estime que les ventes mondiales totaliseront quelque 166 milliards de dollars cette année, contre environ 800 millions de dollars en 2019.

Des reportages récents dans les médias, montrant des vidéos et des photos de plongeurs ramassant des masques et des gants jonchant les océans, ont réveillé les consciences, et recentré les esprits sur la question de la pollution plastique et un rappel que les politiciens, les dirigeants et les individus nécessitent de s’attaquer au problème de la pollution plastique.

2) Un problème toxique

Selon des estimations, on pourrait s’attendre à ce qu’environ 75% des masques utilisés, ainsi que d’autres déchets liés à la pandémie, se retrouvent dans des décharges ou flottent dans les mers. Outre les dommages environnementaux, le coût financier, dans des domaines tels que le tourisme et la pêche, est estimé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à environ 40 milliards de dollars.

Le PNUE a averti que si la forte augmentation des déchets médicaux, dont une grande partie est constituée de plastiques à usage unique nocifs pour l’environnement, n’est pas gérée de manière rationnelle, des décharges incontrôlées pourraient en résulter. Selon l’agence onusienne, les conséquences potentielles comprennent les risques pour la santé publique des masques usagés infectés, et le brûlage à l’air libre ou l’incinération incontrôlée des masques, conduisant à la libération de toxines dans l’environnement, et la transmission de maladies aux humains.

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En raison des craintes de ces effets secondaires potentiels sur la santé et l’environnement, le PNUE exhorte les gouvernements à traiter la gestion des déchets, y compris les déchets médicaux et dangereux, comme un service public essentiel. L’agence onusienne soutient que la manipulation sûre et l’élimination finale de ces déchets sont un élément essentiel d’une intervention d’urgence efficace.

« La pollution plastique était déjà l’une des plus grandes menaces pour notre planète avant l’épidémie de coronavirus », déclare Pamela Coke-Hamilton, directrice du commerce international de la CNUCED. « L’augmentation de l’utilisation quotidienne de certains produits pour assurer la sécurité des personnes et arrêter la maladie, aggrave encore les choses ».

3) Les solutions existantes pourraient réduire les plastiques de 80%

Cependant, cet état de fait peut être amélioré, comme le montre un récent rapport sur les déchets plastiques publié par The Pew Charitable Trusts et le groupe de réflexion sur la durabilité Systemiq.

L’étude « Breaking the Plastic Wave : A Comprehensive Assessment of Pathways to Stopping Ocean Plastic Pollution », (Briser la vague de plastique : une évaluation globale des voies pour arrêter la pollution plastique des océans) qui a été approuvée par le PNUE, prévoit que, si aucune mesure n’est prise, la quantité de plastiques déversés dans l’océan triplera d’ici 2040, passant de 11 à 29 millions de tonnes par an.

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Mais environ 80% de la pollution plastique pourrait être éliminée au cours de cette même période, simplement en remplaçant une réglementation inadéquate, en modifiant les modèles commerciaux et en introduisant des incitations conduisant à une réduction de la production de plastiques. D’autres mesures recommandées comprennent la conception de produits et d’emballages plus facilement recyclables et l’extension de la collecte des déchets, en particulier dans les pays à faible revenu.

4) La coopération mondiale est essentielle

Dans son analyse sur les plastiques, la durabilité et le développement, la CNUCED est parvenue à la conclusion que les politiques commerciales mondiales ont également un rôle important à jouer dans la réduction de la pollution.

De nombreux pays ont introduit des réglementations qui mentionnent les plastiques au cours de la dernière décennie, un indicateur de préoccupation croissante concernant la question. Mais, selon l’analyse de la CNUCED, pour que les politiques commerciales soient vraiment efficaces, des règles mondiales coordonnées sont nécessaires.

« La manière dont les pays utilisent la politique commerciale pour lutter contre la pollution plastique n’a généralement pas été coordonnée, ce qui limite l’efficacité de leurs efforts », déclare Mme Coke-Hamilton. « Il y a des limites à ce que tout pays peut réaliser seul ».

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5) Promouvoir la planète et des alternatives favorables à l’emploi

Bien que la mise en œuvre de ces mesures réduirait considérablement la pollution par les plastiques d’ici 2040, le rapport Pew/Systemiq reconnaît que, même dans le meilleur des cas, cinq millions de tonnes de plastiques continueraient d’être déversées dans l’océan chaque année.
Une augmentation spectaculaire de l’innovation et des investissements, conduisant à des progrès technologiques serait nécessaire pour traiter globalement le problème, concluent les auteurs du rapport.

En outre, la CNUCED exhorte les gouvernements à promouvoir des alternatives non toxiques, biodégradables ou facilement recyclables, telles que les fibres naturelles, la balle de riz et le caoutchouc naturel. Ces produits seraient non seulement plus respectueux de l’environnement mais aussi créer de nouveaux emplois dans les pays en développement principaux fournisseurs de nombreux substituts du plastique. Le Bangladesh, par exemple, est le premier fournisseur mondial d’exportations de jute, tandis que, à eux deux, la Thaïlande et la Côte d’Ivoire représentent l’essentiel des exportations de caoutchouc naturel.

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« Il n’existe pas de solution unique à la pollution plastique des océans, mais grâce à une action rapide et concertée, nous pouvons briser la vague du plastique », a déclaré Tom Dillon, vice-président de Pew pour l’environnement. « Nous pouvons investir dans un avenir caractérisé par une réduction des déchets, de meilleurs résultats pour la santé, une plus grande création d’emplois et un environnement plus propre et plus résilient pour les personnes et la nature ».

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