L’affaire Steve Amoussou, aussi connu sous le nom de Frère Hounvi, reste un sujet d’actualité politique au Bénin. Sabi Sira Korogoné, un acteur politique, a récemment demandé aux citoyens béninois visés par un mandat d’arrêt de la justice togolaise d’assumer leurs responsabilités en répondant à l’appel du parquet de Lomé.
Le procureur de la République près du tribunal de grande instance de Lomé a publié un communiqué samedi 24 août 2024 dernier pour éclairer l’opinion sur les conditions d’interpellation du chroniqueur béninois Steve Amoussou. Le procureur Talaka Mawama a dénoncé un enlèvement du ressortissant béninois au quartier Adidogomè et a annoncé l’arrestation de deux présumés complices. Il a aussi indiqué que des mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre de personnes de nationalité béninoise, présentées comme les acteurs principaux de l’opération. Il s’agit de GANDAHO Djimi, Ouanilo MEDEGAN, et GBAGUIDI Todédokpo Juwan Géraud, alias Jojo.
Après les révélations du procureur de la République près du tribunal de grande instance de Lomé, Sabi Sira Korogoné considère que les citoyens béninois visés par un mandat d’arrêt de la justice togolaise doivent se présenter afin de répondre des accusations portées contre eux.
« Nous recommandons à nos compatriotes cités dans cette affaire de faire confiance à la justice togolaise, de la même façon qu’on nous demande parfois de faire confiance en notre justice, malgré son caractère exceptionnel, et d’aller en toute responsabilité répondre, si tant est qu’ils ne se reprochent rien du tout. Ils auront ainsi l’occasion de laver leur honneur et celui de notre pays« , demande-t-il.
L’ancien président d’honneur du Mouvement Populaire de Libération (MPL) selon une information de l’Investigateur demande à la justice togolaise de mener les démarches nécessaires pour écouter les OPJ du Bénin qui ont interrogé Amoussou Steve, afin de clarifier les circonstances de sa détention.
« Ceci permettra de laver l’honneur de notre police, car on pourrait l’accuser de recel d’enlèvement. Ainsi, ceux qui espèrent que la justice togolaise vienne brandir des preuves à la télévision ou sur les réseaux sociaux pourraient, à travers un procès juste et équitable, à l’image des procès dans notre pays, avoir les différentes preuves demandées« , a indiqué Sira Korogoné.
Le communiqué du parquet de Lomé
Communiqué de Presse du procureur de la République près le tribunal de grande instance de Lomé, République du Togo
Le lundi 12 août 2024, aux environs de 21 heures, monsieur Steve AMOUSSOU de nationalité béninoise, a été enlevé à Lomé au quartier de Adidogome et conduit vers une destination inconnue par des individus non identifiés. En effet, alors que le susnommé, établi au Togo depuis plusieurs années est sorti de l’immeuble où il habitait pour une course, il a été appréhendé non loin de là par quatre individus qui visiblement y étaient en affût. De force, ces individus l’ont embarqué dans un véhicule d’immatriculation béninoise puis ont roulé en direction de la frontière togolaise du côté est.
Les autorités policières togolaises ayant été avisées, ont aussitôt lancé des recherches qui n’ont pas permis de retrouver les ravisseurs et leur victime.
Afin de comprendre les circonstances exactes de cet acte, une enquête judiciaire conduite par le Service central de recherches et d’investigations criminelles SCRIC, a été ouverte. Des premiers éléments recueillis de cette enquête, il est apparu que l’acte dont il s’agit a été l’œuvre de 4 personnes de nationalité béninoise aidées par deux autres personnes dont l’une de nationalité béninoise et l’autre de nationalité togolaise.
Sur les quatre acteurs principaux de nationalité béninoise, trois ont été identifiés ainsi qu’il suit :
1- GANDAHO DJIMI, athlète des Arts Martiaux Mixtes (MMA) et coach au HEVIESSO MMA sis à la Haie vive à Cotonou ;
2- OUANILO MEDEGAN, directeur général de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’informations et athlète du MMA ;
3- GBAGUIDI Todedokpo Juwan Géraud alias JOJO, membre du staff et manager de l’artiste béninois VANO BABY.
S’agissant des deux personnes ayant apporté leurs concours aux ravisseurs, l’une a été identifiée comme madame KLEBO Témitokpé Précilia, de nationalité béninoise, esthéticienne établie à Lomé. Celle-ci a été chargée d’œuvrer à l’identification de l’appartement qu’occupait la victime et de l’attirer vers les ravisseurs. Elle a été interpellée dès les premières heures de l’enquête. L’autre, du nom de TELE Seption, est un étudiant de nationalité togolaise travaillant occasionnellement comme conducteur de mototaxi à Lomé. Ce dernier a assuré en toute connaissance de cause le service transport de l’un des acteurs de l’enlèvement, le dimanche 11 et le lundi 12 août 2024. Arrêté quelques jours après le rapt, la perquisition de son lieu d’habitation a conduit à la découverte d’une paire de menottes qu’il dit appartenir aux ravisseurs.
Les investigations ont par ailleurs renseigné que le quatre Béninois étaient en terre togolaise depuis le samedi 10 août 2024 et ont eu le temps de faire les repérages nécessaires à leur opération.
Ces faits commis sur le territoire togolais, en violation flagrante du droit international et des règles en matière de coopération pénale internationale, s’analysent en l’incrimination d’enlèvement ou séquestration au sens des articles 283 et 284 du nouveau code pénal. Ceci a justifié et commandé une enquête judiciaire à l’issue de laquelle dame KLEBO Témitokpé Précilia et monsieur TELE Seption ont été présentés au parquet de grande instance de Lomé le 23 août 2024.
L’enquête préliminaire et l’interrogatoire des deux suspects au parquet, ont mis en évidence des éléments à charge quant à leur concours à la commission des faits susvisés. Une information judiciaire a été requise pour faits d’enlèvement et complicité d’enlèvement. Les deux suspects ont été aussitôt inculpés de complicité de cette infraction par un juge d’instruction puis mis sous mandat de dépôt.
Les autres personnes ayant agi comme acteurs principaux dans les faits dont il s’agit, ont été visées par l’information judiciaire ainsi ouverte. À l’encontre de celles-ci, des mandats d’arrêts ont été requis.
Fait à Lomé, le 24 août 2024
Procureur de la République
Talaka MAWANA