
La lettre poignante de la jeune Goudjo Mira, 10 ans, adressée au président de la République du Bénin, a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux. Dans son message manuscrit devenu viral, la fillette implore la clémence du chef de l’État pour ses parents incarcérés depuis 2022 dans l’affaire « Tiens Ds Com ».
Face à cette interpellation, le gouvernement béninois, par la voix de son porte-parole Wilfried Léandre Houngbédji, a réagi publiquement, reconnaissant la force émotionnelle du message sans pour autant céder sur le principe du respect des institutions judiciaires.
« Nous avons entendu son cri de cœur », a déclaré M. Houngbédji, tout en précisant que Mira n’est malheureusement pas un cas isolé. « Dans nos prisons, il y a aujourd’hui environ 13 000 personnes détenues, dont beaucoup sont aussi des pères et des mères de famille », a-t-il souligné.
Entre humanité et rigueur de la loi
Le porte-parole a insisté sur la nécessité de maintenir un équilibre entre la compassion légitime que suscite cette situation et le respect des procédures judiciaires en vigueur.
« Le cri de Mira est celui de beaucoup d’enfants dont les parents sont en détention. Nous le recevons avec toute l’émotion qu’il suscite. Mais il ne saurait faire obstacle à l’État de droit », a déclaré Wilfried Léandre Houngbédji.
Tout en exprimant l’espoir que la justice fasse la lumière dans les meilleurs délais, il a rappelé que la procédure judiciaire en cours devait suivre son cours normal : « S’il y a des faits reprochés, les concernés doivent pouvoir y répondre devant la justice, comme tous les justiciables. »
Une lettre qui émeut au-delà des frontières
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Goudjo Mira, élève en cours moyen deuxième année, a adressé sa lettre au président Patrice Talon le 8 mai 2025. Dans ce courrier écrit à la main, la fillette décrit avec une maturité bouleversante la précarité dans laquelle elle vit avec ses frères depuis l’arrestation de leurs parents, Goudjo Élisée et Agassou Chantal, condamnés dans l’affaire de la société « Tiens Ds Com » par la CRIET.
« Mes larmes ont trop coulé », écrit-elle, évoquant la douleur de l’absence parentale, l’arrêt de sa scolarité, et l’angoisse du quotidien.
Malgré l’émotion suscitée, le gouvernement campe sur une position de principe : le respect des institutions judiciaires et de l’égalité de traitement entre citoyens devant la loi.