
Cette fois, le rendez-vous n’est pas donné dans une salle fermée, mais en pleine rue, sur une place hautement symbolique de Bamako, théâtre des mobilisations populaires contre l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta (2013-2020) et contre les sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« Nous passons à la vitesse supérieure pour prouver notre capacité de mobilisation », confie un responsable de parti engagé dans l’organisation. Selon lui, des discussions ont été entamées avec des leaders religieux, traditionnels et des figures de la société civile pour élargir le front de la contestation. « Le peuple tient désormais son destin entre ses mains ! », se réjouit un ancien ministre.
Mais ce face-à-face annoncé avec les militaires au pouvoir est aussi « un test pour nous », tempère le président d’un grand parti politique, soucieux de préserver l’unité de l’opposition et de mobiliser largement la population autour de leur cause commune.
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Une mobilisation sous haute tension
Malgré l’élan affiché, les organisateurs s’attendent à ce que les autorités de transition interdisent le rassemblement prévu vendredi. « Ils sont fébriles, la peur a changé de camp », affirme l’ancien ministre, tout en assurant que des « plans B et C » sont prêts. Si l’interdiction tombe, les organisateurs affirment qu’ils resteront dans la légalité. « Le rassemblement sera annulé, comme celui de samedi dernier. Nous ne tomberons pas dans leur piège, nous refusons la violence », insiste un autre responsable.
Les précédentes tentatives de rassemblement, tenues samedi et dimanche derniers au Palais de la culture et à la Maison de la presse, ont été perturbées ou empêchées. Le premier a été interrompu, le second bloqué par des individus proches du pouvoir, parmi lesquels figuraient un membre du Conseil national de transition et des agents de la Primature et du ministère de la Réconciliation. Selon un communiqué indigné de la Maison de la presse, plusieurs journalistes ont été « agressés verbalement et physiquement ». En réaction, les partis politiques envisagent des actions en justice et réclament la révocation des fonctionnaires impliqués.
Inquiétudes sur les libertés politiques
Au-delà des violences et des interdictions, les partisans de la démocratie craignent une nouvelle escalade répressive. De nombreuses sources redoutent que les autorités n’annoncent bientôt des restrictions plus sévères sur les libertés de réunion, voire une suspension pure et simple des activités politiques, comme cela fut le cas l’année dernière pendant trois mois.
Jusqu’ici, aucune décision officielle n’a été rendue publique. « Nous surveillerons attentivement le journal de l’ORTM et le compte rendu du Conseil des ministres de mercredi », confie un acteur central de la contestation, qui reste en alerte.