Bénin : limogeage du ministre de l’Énergie après des accusations graves, le gouvernement s’explique

Le gouvernement béninois a rompu le silence ce vendredi 27 juin 2025, au lendemain du limogeage surprise du ministre de l’Énergie, Paulin Akponna. C’est le porte-parole de l’exécutif, Wilfried Léandre Houngbédji, qui a justifié la décision présidentielle, invoquant des propos graves et non étayés tenus par le ministre à Parakou.
Lors d’un meeting organisé le 21 juin à Titirou, dans la commune de Parakou, Paulin Akponna a accusé certains acteurs de son propre ministère de détournements massifs de fonds publics, évoquant des « dizaines de milliards » de francs CFA disparus. Il a pointé du doigt des « siphonneurs du budget national » et des « délinquants de la République », tout en affirmant que ces faits auraient été dissimulés au président de la République.
Des déclarations jugées extrêmement graves, qui ont conduit à sa révocation par décret présidentiel N°2025-327, pris le 26 juin. Son portefeuille a été confié à José Tonato, déjà ministre du Cadre de vie, des Transports et du Développement durable.
« Le président de la République a estimé qu’au regard de la gravité des propos qu’il a tenus, il était de bon ton de le délier de toute obligation de réserve et de solidarité gouvernementale afin qu’il soit libre de saisir la justice et d’apporter les preuves des faits qu’il dénonce », a indiqué Houngbédji.
Aucune alerte transmise en interne
Le porte-parole a précisé qu’à aucun moment, Paulin Akponna n’avait alerté le gouvernement ou le chef de l’État sur ces allégations. « Il avait le devoir de le faire, s’il disposait d’éléments concrets. Ce qu’il n’a jamais fait depuis sa prise de fonction », a-t-il insisté.
Liberté d’expression encadrée ?
La décision soulève des interrogations dans l’opinion sur l’existence d’une possible censure au sein du gouvernement. Le porte-parole a balayé ces critiques :
« On peut s’exprimer librement mais en toute responsabilité. C’est cela qui est attendu de nous », a-t-il répondu, tout en citant d’autres précédents comme les cas des anciens ministres Oswald Homeky et Samou Adambi, également démis après des sorties publiques jugées politiquement inopportunes.
Une ligne ferme sur la gouvernance
Pour l’exécutif, ce limogeage s’inscrit dans une logique constante depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon :
« Depuis 2016, notre doctrine est celle de la tolérance zéro envers la corruption, les actes de prévarication et la mauvaise gouvernance », a martelé Houngbédji.
Tout en assurant que la liberté d’expression demeure, le gouvernement prévient que la parole publique, surtout venant de ministres, doit être mesurée, rigoureuse et responsable. La balle est désormais dans le camp de Paulin Akponna, qui est invité à saisir la justice s’il détient des preuves.
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