
L’ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Kigbafori Soro est sorti de son silence ce mardi pour réagir à l’annonce officielle de la candidature du président Alassane Ouattara à un quatrième mandat présidentiel. Dans une déclaration ferme, il dénonce une « nouvelle violation flagrante de la Constitution » et appelle les Ivoiriens à une mobilisation citoyenne.
Une candidature « sans surprise »
Comme anticipé par de nombreux observateurs, Alassane Ouattara a confirmé sa volonté de se présenter à l’élection présidentielle prévue pour octobre 2025. Cette décision, bien qu’annoncée dans un climat de suspense orchestré depuis plusieurs semaines, n’a selon Guillaume Soro « trompé personne ».
« Il ne s’agissait que d’une mise en scène destinée à préparer l’opinion à une nouvelle violation de notre Loi fondamentale », accuse-t-il.
L’ancien chef du Parlement ivoirien rappelle que M. Ouattara avait déjà sollicité un troisième mandat en 2020 en évoquant un prétendu « cas de force majeure ». Aujourd’hui, souligne-t-il, le même schéma se répète, avec des justifications qu’il qualifie de « prétextes éculés » autour de la sécurité et de la stabilité nationale.
« Comme tout bon dictateur »
Dans un ton particulièrement critique, Guillaume Soro affirme que le président Ouattara « ne veut pas quitter le pouvoir », le comparant à « tout bon dictateur qui se respecte ». Selon lui, cette obstination à rester à la tête de l’État menace la paix sociale et la cohésion nationale.
« Il est prêt à tout pour pérenniser son pouvoir personnel, au mépris de la stabilité du pays et de la sécurité des Ivoiriens », déclare-t-il.
Le leader du mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS) déplore également une situation politique inquiétante : une opposition réprimée, une démocratie en berne, et un processus électoral biaisé par une liste électorale « truquée ».
Un appel au sursaut national
Face à ce qu’il qualifie de dérive autoritaire, Guillaume Soro interpelle directement le peuple ivoirien. Il appelle à une réaction citoyenne, pacifique et légale, pour défendre les principes républicains et préserver les acquis démocratiques du pays.
« Le peuple de Côte d’Ivoire est placé face à sa responsabilité historique : se soumettre à une dictature qui ne cache plus son visage, ou se lever pour défendre la Constitution, la justice et la liberté », conclut-il.
Un climat politique sous tension
L’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara intervient dans un contexte déjà tendu. Plusieurs figures de l’opposition sont incarcérées ou contraintes à l’exil, et les institutions électorales sont régulièrement accusées de partialité. Alors que la date du scrutin approche, les tensions politiques s’exacerbent et la crainte d’un nouveau cycle de violences n’est pas à écarter.
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