
La présidence malgache a dénoncé, dimanche matin, une « tentative de prise du pouvoir illégale et par la force », alors que le pays est secoué depuis plusieurs jours par un mouvement de contestation d’ampleur inédite.
La tension a franchi un nouveau cap samedi 11 octobre, lorsque des groupes de militaires ont rejoint les manifestants dans les rues de la capitale, Antananarivo, refusant de tirer sur la foule.
Depuis le 25 septembre, des manifestations populaires se multiplient à Madagascar, d’abord motivées par les coupures d’eau et d’électricité, avant de se transformer en mouvement politique porté par le collectif “Gen Z”.
Ce mouvement, mené principalement par des jeunes, réclame désormais la démission du président Andry Rajoelina et celle du président du Sénat.
Les rassemblements de samedi ont été les plus massifs depuis le début de la crise.
Un contingent de l’armée, le Capsat, a diffusé une vidéo dans laquelle son commandant, le colonel Mickaël Randrianirina, appelle les troupes à la désobéissance et à la protection des civils.
Dans un communiqué publié tôt ce dimanche, la présidence malgache affirme qu’une tentative de renversement du pouvoir est en cours, qualifiant l’appel du colonel de “violation grave de la Constitution”.
Le chef de l’État, Andry Rajoelina, appelle les forces de sécurité à “rester fidèles à la République” et les citoyens à “rejeter toute forme de violence ou de manipulation politique”.
De son côté, la gendarmerie nationale, souvent accusée par les manifestants d’avoir réprimé les rassemblements, n’a pas encore réagi officiellement.
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Une crise politique aux dimensions inédites
Pour la politologue Christiane Rafidi-Nariv, chercheuse associée au Cevipof (Sciences Po), « l’appel du Capsat marque un tournant décisif. C’est un signal fort de rupture au sein de l’appareil sécuritaire ».
Elle estime que la situation est désormais imprévisible, les divisions au sein de l’armée pouvant aggraver l’instabilité politique.