Hugues Sossoukpè : le député ivoirien Antoine Assalé Tiémoko dénonce une “violation grave du droit international”

L’arrestation du journaliste béninois Comlan Hugues Sossoukpè à Abidjan, suivie d’une extradition éclair vers le Bénin, suscite une indignation croissante. Ce week-end, le député ivoirien Antoine Assalé Tiémoko, également journaliste et candidat à la présidentielle de 2025, monte au créneau pour dénoncer ce qu’il qualifie comme un « furoncle sur le visage de notre pays ».
Sossoukpè, directeur du site d’investigation Olofofo, était présent en Côte d’Ivoire sur invitation officielle du ministère ivoirien de la Transition numérique pour couvrir le Ivoire Tech Forum. Il semble avoir été interpellé dans sa chambre d’hôtel, puis transporté à Cotonou dans un avion privé spécialement affrété pour l’opération.
Pour le député Assalé, le problème ne se limite pas aux modalités de l’arrestation. Il s’agit d’un refoulement illégal : Sossoukpè bénéficie depuis 2021 du statut de réfugié politique au Togo, statut explicitement protégé par la Convention de Genève de 1951.
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Selon les organisations de défense des droits humains, l’opération aurait été orchestrée sans mandat légal préalable : un mandat antidaté aurait été produit après son arrivée au Bénin, pointant vers une tentative de légalisation a posteriori.
Réactions contrastées des États impliqués
Le gouvernement ivoirien, jusque-là silencieux, a fini par réagir via son porte-parole Amadou Coulibaly, qui a affirmé ne pas avoir été informé du statut de réfugié de Sossoukpè. Selon lui, il ne s’agissait que d’une coopération judiciaire normale.
De son côté, le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, s’est contenté de déclarer que le journaliste « répondra de ses actes devant la justice », sans aborder la question du refoulement ni du respect des droits fondamentaux.
Une cascade de critiques internationales
Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé un épisode qualifié de « complicité manifeste » de la Côte d’Ivoire dans une violation grave du droit international, tout en exigeant des comptes.
Le collectif d’avocats de Sossoukpè parle d’une procédure opaque et illégale, soulignant l’absence d’accès à l’assistance juridique, à la famille, et à la presse, ce qui constitue une atteinte aux droits de l’homme et au droit d’asile.
Le parti béninois « Les Démocrates » voit dans cette affaire une méthode d’exclusion des voix critiques avant les élections de 2026, dénonçant un enlèvement politique commandité par l’État.
Cette affaire soulève des questions profondes sur la crédibilité de la coopération judiciaire régionale, et l’engagement réel des États envers les conventions internationales qu’ils ont signées.