Madagascar : situation confuse à Antananarivo, le président Andry Rajoelina attendu dans un discours ce soir

À Madagascar, la situation demeure confuse ce lundi matin, alors que le président Andry Rajoelina est resté silencieux depuis le début du week-end. La présidence a annoncé sur sa page Facebook que le chef de l’État s’adressera à la nation ce lundi à 19h (16h TU), après plusieurs jours de tensions et d’incertitude politique.
Depuis le 25 septembre, le pays est secoué par une série de manifestations réprimées liées aux coupures d’eau et d’électricité, qui se sont progressivement transformées en mouvement de contestation politique. Les protestataires réclament désormais la démission du président, accusé d’inefficacité et de dérive autoritaire.
Mutinerie et flou politique
Samedi matin, une mutinerie a éclaté au Capsat (Camp des parachutistes et des commandos de l’armée), plongeant davantage le pays dans l’incertitude.
Depuis, Andry Rajoelina n’a pas fait d’apparition publique, alimentant les spéculations sur sa localisation et sur la solidité de son pouvoir.
Seul le Premier ministre s’est exprimé samedi soir, appelant au dialogue et au calme. La Présidence a publié deux communiqués dimanche : l’un dénonçant « une tentative de prise de pouvoir illégale et par la force », l’autre évoquant des menaces explicites visant le chef de l’État.
Le président semble aujourd’hui plus isolé que jamais. Selon plusieurs sources locales, son ex-Premier ministre Christian Ntsay et l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, considéré comme un proche allié jusqu’à récemment, auraient quitté le territoire samedi soir à bord d’un jet privé à destination de l’île Maurice.
Dans la foulée, les mutins du Capsat ont désigné un nouveau chef d’état-major des armées, le général de division Pikulas, en remplacement du général Rakotoarivelo, récemment nommé ministre des Forces armées.
Mais cette nomination n’a pas reçu la validation du président, dont le décret d’officialisation manquait encore dimanche soir.
La journée de dimanche a été marquée par un rassemblement populaire sur la place du 13-Mai à Antananarivo, haut lieu historique des mobilisations malgaches depuis 1972.
Près d’un millier de personnes y ont salué les soldats du Capsat, acclamés par une foule brandissant des drapeaux malgaches.
Scène symbolique : trois blindés ont traversé la place sous les ovations, tandis que militaires et civils échangeaient des saluts. Parmi les figures présentes figuraient le colonel Randrianirina, chef de la mutinerie, l’ancien président Marc Ravalomanana, renversé par Rajoelina en 2009, ainsi que « Mikolo », jeune étudiant de 19 ans devenu l’un des visages de la contestation générationnelle.
Un discours très attendu
L’allocution annoncée de Andry Rajoelina, prévue ce soir à 19h, sera déterminante pour la suite des événements. Elle pourrait clarifier la position du chef de l’État face à la fronde militaire et aux appels à la démission.
D’ici là, l’atmosphère reste tendue dans la capitale malgache, où les forces de sécurité maintiennent une présence visible autour des sites stratégiques. Les observateurs redoutent de nouvelles manifestations dans les heures précédant le discours présidentiel.