Niger : installation du Conseil consultatif de la refondation, nouvel organe de la transition militaire

Le Niger a officiellement installé ce samedi 28 juin 2025 son Conseil consultatif de la refondation (CCR), une nouvelle institution appelée à accompagner le pays dans sa phase de transition. Composé de 194 membres, civils et militaires, le CCR remplace de facto l’Assemblée nationale dissoute à la suite du coup d’État du 26 juillet 2023.
La cérémonie d’installation s’est tenue à Niamey et a été retransmise en direct à la télévision nationale. Elle marque une étape importante dans la mise en œuvre de la Charte de la refondation, adoptée en avril dernier, et censée encadrer l’action des autorités militaires jusqu’au retour à un ordre constitutionnel.
Un organe consultatif sans pouvoir législatif
Présidé par Mamoudou Dingarey, ancien cadre onusien, le CCR ne détient pas de compétences législatives, mais a pour mission de formuler des avis et recommandations sur les grandes orientations de l’État. Sa création vise à apporter une légitimité institutionnelle à un régime confronté à l’isolement diplomatique et à une situation sécuritaire fragile.
« La refondation d’un pays est un exercice difficile, parfois curieux, mais toujours couronné de succès pour les peuples résilients », a affirmé Mamoudou Dingarey lors de son discours inaugural. Il a invité les membres du Conseil à travailler « dans l’intérêt supérieur de la nation ».
Les 194 membres ont été désignés par les huit régions du Niger ou nommés directement par les autorités de transition. Leur mandat, pour l’instant non limité dans le temps, s’exercera jusqu’à l’établissement d’un nouveau cadre constitutionnel.
Contexte régional tendu et solidarité sahélienne
L’installation du CCR intervient dans un contexte marqué par l’insécurité persistante, les sanctions économiques imposées par la CEDEAO (en partie levées depuis), et la rupture des liens diplomatiques avec la France. Le Niger, tout comme le Mali et le Burkina Faso, mise désormais sur une approche souverainiste et régionale pour affronter ses défis.
Les représentants du Mali, du Burkina Faso et du Tchad ont assisté à la cérémonie. Une présence symbolique qui souligne les nouvelles alliances géopolitiques en construction, notamment à travers la Confédération des États du Sahel (AES) créée en 2024. Cette structure entend coordonner les réponses sécuritaires et institutionnelles hors du cadre traditionnel de la CEDEAO.
Selon les autorités nigériennes, les chambres consultatives des trois pays de l’AES devraient prochainement tenir une session conjointe au Burkina Faso, une première dans la région. Une initiative qui alimente aussi bien les espoirs de souveraineté régionale que les critiques sur l’absence de pluralisme et de processus démocratique clair.
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