RDC – M23 : Kinshasa et la rébellion signent à Doha une nouvelle feuille de route pour un futur accord de paix

Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le mouvement rebelle M23, soutenu par le Rwanda, ont signé samedi à Doha une nouvelle feuille de route destinée à encadrer les prochaines négociations en vue d’un accord de paix global dans l’est du pays.
Baptisé Cadre de Doha, le document a été paraphé en présence de représentants des deux parties, ainsi que de médiateurs qataris, américains et de l’Union africaine.
Un texte préliminaire, sans obligations immédiates
Selon les premiers éléments communiqués, il ne s’agit pas d’un accord final mais d’un document méthodologique définissant les priorités, la structure et le calendrier des discussions à venir.
« Dans cet accord-cadre signé, il n’est assorti d’aucune clause contraignante. Il n’y aura ni modification de la situation sur le terrain ni activité quelconque tant que les protocoles ne seront pas négociés un à un. Le chemin est encore long », a déclaré depuis Doha Benjamin Mbonipa, négociateur principal du M23.
L’expert et député honoraire congolais Juvenal Munubo tempère également l’enthousiasme :
« On reste dans la réaffirmation des principes. Il ne s’agit pas encore de négociations directes accompagnées de concessions réciproques pour une paix durable. »
Il rappelle que ce cadre s’inscrit dans la continuité de la Déclaration de principes du 19 juillet 2025, peu appliquée jusqu’ici.
Huit chapitres pour traiter les causes profondes du conflit
Selon le document consulté par l’agence Anadolu, le cadre comprend huit chapitres, dont :
les causes profondes du conflit,
la discrimination et la fragmentation communautaire,
la gouvernance locale,
les arrangements sécuritaires,
le DDR (désarmement-démobilisation-réinsertion),
le retour des déplacés,
l’autorité de l’État,
la relance économique et la justice transitionnelle.
Les deux parties doivent également réaffirmer un cessez-le-feu permanent et confirmer la libération des prisonniers, engagements déjà pris en septembre et octobre 2025.
Des délais serrés pour les prochains protocoles
Dans les deux semaines suivant la signature, plusieurs protocoles devront être finalisés, notamment :
l’accès humanitaire,
les mécanismes sécuritaires,
le DDR,
le retour des déplacés internes,
la restauration de l’État,
les mesures économiques,
les garanties de justice transitionnelle.
Doha salue un « moment historique »
Le négociateur en chef du Qatar, Mohammed Al-Khulaifi, a qualifié la signature de « moment historique », assurant que les efforts diplomatiques se poursuivraient pour obtenir une désescalade réelle au Nord-Kivu et au Sud-Kivu.
Une signature en pleine recrudescence des combats
Cette nouvelle étape intervient alors que les combats se poursuivent dans l’est de la RDC, notamment dans le territoire de Walikale (Nord-Kivu) et dans les hauts plateaux du Sud-Kivu.
Les deux camps s’accusent régulièrement de violer le cessez-le-feu conclu en juillet, même si le front demeure relativement stable depuis mars.









