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Qu’est-ce que la coopération Sud-Sud et pourquoi est-ce important ?

Cette semaine à Buenos Aires, capitale de l’Argentine, plus de mille personnes, y compris des délégations gouvernementales de haut niveau et des représentants du secteur privé et de la société civile, se réuniront pour la deuxième Conférence de haut niveau sur la coopération Sud-Sud, appelée aussi BAPA+40.

La Conférence marque le 40e anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur la coopération technique entre pays en développement, qui s’est également tenue à Buenos Aires.

Le thème central de la discussion portera sur le rôle de la coopération Sud-Sud pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui participera à la cérémonie d’ouverture de l’événement, croit fermement en l’importance de la coopération Sud-Sud pour générer à la fois de nouvelles idées et des projets concrets, ainsi que comme moyen de permettre aux voix des pays du Sud de stimuler l’innovation et promouvoir le développement.

ONU Info a mis au point un guide pour répondre à quelques questions concernant cette importante réunion.

1. Tout d’abord, qu’est-ce que la coopération Sud-Sud ?

La coopération Sud-Sud fait référence à la coopération technique entre pays en développement du Sud. C’est un outil utilisé par les États, les organisations internationales, les universitaires, la société civile et le secteur privé pour collaborer et partager des connaissances, des compétences et des initiatives réussies dans des domaines spécifiques tels que le développement agricole, les droits de l’homme, l’urbanisation, la santé, le changement climatique, etc.

2. Que s’est-il passé en Argentine il y a 40 ans ?

Au cours des années 1960 et 1970, alors que le climat socio-économique mondial s’inscrivait dans le contexte de la Guerre froide, les pays en développement ont commencé à chercher des moyens de tracer la voie de leur propre développement et des alternatives à l’ordre économique et politique existant.

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La coopération technique entre ces États du Sud a commencé comme un effort pionnier visant à renforcer leur pouvoir de négociation diplomatique et international par le dialogue politique.

Ce que l’on appelle maintenant la coopération Sud-Sud découle de l’adoption du Plan d’action de Buenos Aires pour la promotion et la mise en oeuvre de la coopération technique entre pays en développement (PABA) par 138 États membres des Nations Unies en Argentine, le 18 septembre 1978.

Le plan prévoyait un système de collaboration entre les pays les moins avancés, situés pour la plupart au sud de la planète. Le PABA a également défini une série de recommandations nouvelles et concrètes visant à établir des cadres juridiques et des mécanismes de financement aux niveaux national, régional, interrégional et mondial.

3. Mais qu’en est-il de la coopération Nord-Sud et de la coopération triangulaire ?

La distinction entre le « Nord » et le « Sud » fait référence aux différences sociales, économiques et politiques existant entre les pays développés (Nord) et les pays en développement (Sud).

Bien que la plupart des pays à revenu élevé soient en effet situés dans l’hémisphère nord, il convient de noter que la distinction n’est pas totalement fidèle à la division géographique actuelle. Un pays est défini comme étant le Nord ou le Sud, non en raison de sa situation géographique mais en fonction de certains facteurs économiques et de qualité de vie de sa population.

La coopération Nord-Sud, qui est le type de coopération le plus traditionnel, intervient lorsqu’un pays développé soutient économiquement ou sous une autre forme, un pays moins favorisé, par exemple avec une aide financière lors d’une catastrophe naturelle ou d’une crise humanitaire.

La coopération triangulaire, comme son nom l’indique, implique trois acteurs, deux du Sud et un du Nord. Ce dernier, qui peut aussi être une organisation internationale, fournit les ressources financières nécessaires pour que les pays du Sud puissent échanger une assistance technique sur un sujet spécifique.

Par exemple, dans le cadre de ce qui est considéré comme une expérience réussie, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) a permis financièrement à des experts en déminage cambodgiens de se rendre en Colombie et d’échanger leurs connaissances et leur expérience dans ce domaine. Le Cambodge et la Colombie ont tous deux eu un problème majeur de mines antipersonnel à différents moments de leur histoire.

4. Quelle est l’importance de la coopération Sud-Sud ?

« Les formes innovantes d’échange de connaissances, de transfert de technologie, d’intervention d’urgence et de rétablissement des moyens de subsistance menés par le Sud transforment des vies », a déclaré le Secrétaire général en novembre 2018 lors de l’inauguration de la 10e exposition sur le développement Sud-Sud au siège des Nations Unies à New York.

« Les faits parlent d’eux-mêmes », a déclaré António Guterres. Les pays du Sud ont contribué à plus de la moitié de la croissance mondiale ces dernières années ; le commerce intra-Sud est plus important que jamais et représente plus du quart du commerce mondial ; les sorties d’investissements directs étrangers du Sud représentent un tiers des flux mondiaux ; et les envois de fonds des travailleurs migrants dans les pays à revenu faible et intermédiaire ont atteint 466 milliards de dollars l’an dernier, ce qui a permis de sortir des millions de familles de la pauvreté.

Le chef de l’ONU estime que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ambitieux et transformateur, ne peut être réalisé sans les idées, l’énergie et la formidable ingéniosité des pays du Sud.

5. Que peut réaliser la coopération Sud-Sud ?

Parallèlement au dialogue politique et à la coopération financière, la coopération Sud-Sud a favorisé un grand nombre d’échanges de connaissances et de compétences grâce à des programmes, projets et initiatives qui ont contribué à résoudre des problèmes spécifiques dans les pays du Sud.

En novembre dernier, le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud a publié un document rassemblant plus de 100 expériences réussies qui ont contribué au développement de pays du monde entier.

La publication contient des exemples de toutes les régions du monde qui démontrent le potentiel de réussite de la coopération Sud-Sud, tels que l’appui de Cuba à la lutte contre Ebola en Afrique de l’Ouest ; l’expérience du Mexique en matière de diversification des produits à base de maïs pour améliorer la santé et la nutrition au Kenya ; la connaissance des stratégies de réduction de la faim partagées par la Colombie dans les pays mésoaméricains.

6. Que va-t-il se passer cette semaine en Argentine ?

Les États membres se réuniront à nouveau à Buenos Aires à l’occasion de la deuxième conférence à haut niveau sur la coopération Sud-Sud, BAPA+ 40, afin d’examiner quatre décennies de tendances et de lancer une nouvelle stratégie afin de mettre en œuvre le Programme 2030.

Le programme BAPA+40 offre une occasion unique d’examiner les enseignements tirés depuis 1978, d’identifier de nouveaux domaines et mécanismes dans lesquels la coopération Sud-Sud et triangulaire peut apporter une valeur ajoutée et avoir un impact plus important, et de s’engager à mettre en place un suivi adéquat et systématique dans le cadre du système des Nations Unies.

Pendant trois jours, les dirigeants mondiaux se réuniront pour débattre d’une déclaration politique appelant à accroître la coopération Sud-Sud et à renforcer les systèmes de compte rendu et de suivi pour ce type de partenariat.

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