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G5 Sahel : le soutien de la MINUSMA est crucial mais a atteint ses limites

Le chef des opérations de la paix de l’ONU a plaidé vendredi devant le Conseil de sécurité pour un programme de soutien international complet à la Force conjointe du G5 Sahel et à mieux financer l’appui que lui fournit la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA).

Depuis 2019, des progrès tangibles et encourageants ont été enregistrés dans l’opérationnalisation du G5-Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), notamment à travers la réforme de son Secrétariat permanent et le développement d’outils de gestion et d’aide à la décision. « Des progrès ont été accomplis dans le renforcement de sa Force conjointe, grâce aux efforts de constitution de forces, à la révision de son concept stratégique d’opération et à l’opérationnalisation du Centre d’analyse sahélien pour l’analyse des menaces et l’alerte rapide », a détaillé Jean-Pierre Lacroix, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix.

En outre, la création d’un mécanisme de commandement conjoint à Niamey a renforcé la coordination avec d’autres forces internationales. « Tous ces efforts ont conduit la Force interarmées à lancer une importante opération militaire, connue sous le nom de « Sama », qui est actuellement en cours et progresse bien », a dit le Secrétaire général adjoint.

Dans ce contexte, l’appui de la MINUSMA à la Force conjointe du G5 Sahel, mandaté par le Conseil de sécurité, pour l’approvisionner en eau, en rations et en carburant, a également été essentiel. Au cours des derniers mois, le taux de consommation et de décaissement de l’appui fourni par la mission onusienne, grâce au financement de l’Union européenne, est passé de 21% à près de 50%.

La fourniture de consommables vitaux par la Mission s’est révélée particulièrement utile et parfois cruciale pour soutenir la Force conjointe. Cependant, les limites du modèle de soutien actuel présentent des obstacles importants, estime l’ONU, soulignant que le transport des rations et du carburant aux contingents de la Force reste le plus grand défi.

« La MINUSMA a fait tout son possible pour répondre aux demandes dans le cadre de son mandat et de l’arrangement technique », a dit M. Lacroix, ajoutant que la mission onusienne a ajouté des points de dépôt supplémentaires pour les consommables de survie au Mali, aussi près que possible des zones d’opérations de la Force conjointe. « Cependant, la MINUSMA fonctionne à pleine capacité et ne peut aller plus loin dans son soutien à la Force conjointe avec le mandat et les ressources qui lui ont été accordés », a-t-il prévenu.

Permettre à la MINUSMA de se consacrer entièrement à l’appui au processus de paix et à la stabilisation du centre du Mali

A la demande du Conseil de sécurité, le Secrétariat des Nations Unies a procédé à une évaluation du soutien international à la Force conjointe du G5. Il a conclu que cet appui restait crucial, mais que le modèle de soutien actuel n’était pas adapté pour remédier aux pénuries de transport et d’équipement de la Force conjointe. L’évaluation propose différentes options, allant d’un ensemble complet de mesures de soutien à des ajustements plus modestes du système existant.

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Le programme d’appui complet comprend un bureau d’appui des Nations Unies dédié et distinct, fournissant un soutien logistique et opérationnel complet, financé par des contributions statutaires des Nations Unies ou au moins financé par un fonds d’affectation spéciale. « Il s’agirait d’arrangements temporaires permettant à la Force conjointe du G5 Sahel de renforcer ses propres capacités », a précisé M. Lacroix.

Une deuxième catégorie d’options vise à relever les défis immédiats à court terme. Ces options comprennent le renforcement de la capacité de la Force conjointe du G5 Sahel à se procurer et à fournir un soutien vital à ses contingents ainsi qu’à effectuer une évacuation médicale en dehors du Mali. Elles comprennent également le réajustement du modèle de soutien actuel pour permettre à d’autres partenaires de passer des contrats avec leurs propres sociétés de transport de fret pour la fourniture de services vitaux plus près des zones d’opérations de la Force interarmées et d’autoriser la MINUSMA à entreprendre la livraison de fournitures de survie au-delà de sa zone d’opérations et étendre son soutien technique.

Conformément au résultat de l’évaluation, M. Lacroix a, une fois de plus, réitéré l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un ensemble d’appuis global, financé par des contributions. « Cela permettrait non seulement un soutien prévisible et durable, mais permettrait également de poursuivre plus facilement une stratégie à long terme pour supprimer progressivement ce soutien et rendre la Force conjointe autonome », a-t-il dit.

L’existence d’un ensemble d’appuis global à la Force conjointe permettrait à la MINUSMA de se consacrer entièrement à soutenir le processus de paix et à la stabilisation du centre du Mali. « Si l’on s’attend à ce que la MINUSMA fasse davantage pour combler les lacunes en matière de transport, il faudrait élargir le mandat de la Mission », a dit M. Lacroix. « Toute autorisation pour que la MINUSMA fasse davantage pour appuyer la Force conjointe exigerait des ressources supplémentaires et une collecte de fonds cohérente et continue », a-t-il ajouté, appelant la communauté internationale et les autres donateurs à se manifester et à soutenir cette cause importante.

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Pour le chef des opérations de paix de l’ONU, la Force conjointe G5-Sahel est sur la bonne voie, mais il reste encore beaucoup à faire. « Le renforcement de la Force conjointe n’est qu’un des volets d’une approche internationale globale nécessaire pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité au Mali et dans la région du Sahel », a-t-il rappelé. L’amélioration de la gouvernance, l’éradication de la pauvreté et la protection des droits de l’homme de tous les citoyens, y compris ceux les plus privés de leurs droits, restent essentielles, estime-t-il, « et il reste encore beaucoup à faire pour que ces efforts aient le même poids que les opérations militaires ».

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