
Le débat sur le report de la présidentielle au Sénégal a tourné à l’échauffourée à l’Assemblée nationale. La gendarmerie a évacué de force les députés de l’opposition qui tentaient de faire obstruction au vote.
L’opposition sénégalaise crie au «coup d’État constitutionnel» après le report de la présidentielle au 15 décembre et le maintien du président Macky Sall probablement jusqu’en 2025, sans avoir pu empêcher un fait accompli qui entache selon elle la vitrine démocratique nationale.
L’Assemblée a adopté lundi soir, dans une atmosphère électrifiée par l’importance de l’instant, une proposition de loi qui parachève pour le moment l’une des plus graves crises institutionnelles qu’ait connues depuis l’indépendance en 1960 ce pays volontiers vanté pour sa stabilité et sa pratique démocratique dans une région troublée.
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Après l’emploi de gaz lacrymogènes contre des manifestants à l’extérieur, les échanges d’insultes et les empoignades dans l’hémicycle, il aura fallu l’intervention des gendarmes pour évacuer les parlementaires d’opposition qui, massés autour de la tribune, faisaient physiquement obstacle au vote. Le texte a été adopté sans eux et n’a rencontré qu’une voix contre. Malgré des heures d’arguties, il n’y a pas eu de débat sur le fond.
«Nous sommes tous meurtris. C’est un coup à la démocratie sénégalaise», a dit dans les médias Pape Djibril Fall, un des 20 candidats retenus par le Conseil constitutionnel avant qu’un processus électoral de plusieurs mois ne vole en éclats la semaine passée. Aliou Mamadou Dia, autre candidat, a repris à son compte les mots de «coup d’État constitutionnel». «Ils ont pris en otage le pays», s’est-il indigné.
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La rédaction