Manifestation des 26,27 et 28 juin au Togo: Jean Yaovi Degli dénonce une répression sauvage

Le mouvement citoyen Bâtir le Togo sort de son silence avec une déclaration cinglante à la suite des violentes répressions des manifestations des 6, 26, 27 et 28 juin derniers. Dans un communiqué signé de son président, Dr Jean Yaovi Degli, le mouvement exprime son indignation face aux exactions commises, principalement par les Forces de Défense et de Sécurité, et dénonce une dérive autoritaire inquiétante du régime.
« C’est avec consternation et indignation que nous avons pris acte des violations graves des droits humains perpétrées ces jours-là », indique le document. Le ton est sans équivoque. Bâtir le Togo rejette toute violence, quelle qu’en soit l’origine, mais met en cause directement les forces de l’ordre, accusées d’avoir commis des actes « inadmissibles et inacceptables ».
Le mouvement s’indigne notamment de scènes de barbarie, où des agents armés se sont acharnés sur des manifestants désarmés. Une allusion forte est faite à des actes de « vengeance sur des cadavres », qualifiés d’inqualifiables même en temps de guerre. « Même un ennemi désarmé n’est pas une cible », rappelle le texte.
Retour des milices : un signal d’alerte grave
Autre point d’alerte : le retour choquant des miliciens armés de gourdins, de machettes et parfois d’armes à feu, agissant sous prétexte de défendre le pouvoir. Le mouvement y voit une grave régression : « Cela est totalement contraire aux lois de la République et à la promesse de “plus jamais ça” faite solennellement en 2005 par le chef de l’État d’alors. » Le constat est implacable : le Togo piétine dans une spirale de violences d’État jamais assumées ni corrigées.
À travers un parallèle troublant, Bâtir le Togo fait référence aux tragiques événements d’avril 1991, évoquant avec douleur la résurgence de cadavres repêchés dans la lagune de Bè – une image sombre, douloureusement familière dans l’histoire du pays.
Le mouvement dénonce une justice aux abonnés absents, soulignant que malgré les drames à répétition, aucune enquête sérieuse n’a jamais conduit à des sanctions. Une impunité structurelle, selon eux, qui nourrit et perpétue les abus.
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Il appelle les Forces de l’ordre à respecter les normes internationales du maintien de l’ordre, qui proscrivent clairement le recours aux armes létales contre des civils. « Ce qui s’est produit ces derniers jours n’a rien d’un maintien d’ordre : c’est une opération punitive. »
Contre les appels à la violence, pour une Nation à bâtir
S’il rejette la violence étatique, Bâtir le Togo n’excuse pas non plus les appels à la haine ou à l’affrontement lancés depuis l’étranger, qui ne font selon lui qu’ajouter à la confusion et freiner les légitimes aspirations du peuple. Il condamne également les propos tribaux et haineux, symptômes selon lui de l’absence criante d’un vrai « esprit de Nation ».
« Le Togo n’a pas encore de Nation », assène le mouvement. Ce vide identitaire, nourri par les clivages politiques et ethniques, rend même absurde, selon lui, la recherche actuelle d’un « père de la Nation ». À la place, il appelle à bâtir ensemble une vraie Nation togolaise, sur des valeurs partagées, la justice et le respect de la dignité humaine.
Un appel au nouveau pouvoir pour rompre avec le passé
En conclusion, Bâtir le Togo exhorte le Président du Conseil et son futur gouvernement à inscrire dans leur programme des actes concrets pour mettre fin aux violences et à la division. Il réclame un processus clair de reconstruction nationale, afin que plus jamais le sang ne coule pour des idées, des slogans ou des caprices de pouvoir.