
Dans une interview fleuve accordée au journal Alternative, l’ancien premier ministre du Togo, Edem Kodjo dit craindre pour l’avenir du Togo. Pour le patron de la Fondation Pax Africana qui s’est réservé de se prononcer sur la situation politique de son pays depuis août 2017 jusqu’à l’organisation des législatives du 20 décembre en passant par les séries de dialogue et la facilitation de la Cédéao, , l’alternance est aujourd’hui une chose partagée par la très grande majorité des Togolais. Cependant, il appelle les acteurs politiques à plus de réalisme.
« Nous devons être réalistes. Ce qui manque à nos concitoyens, c’est le sens du réalisme. Il convient d’aborder nos problèmes avec beaucoup de courage et de sens pratique. Foin de rodomontades, de vociférations, de proclamations, d’injonctions, de ratiocinations… », dit-il.
« Il y a ceux qui l’avouent, il y a ceux qui le pensent intimement. Mais si l’alternance devait signifier la victoire d’un camp sur l’autre, elle ne se réalisera pas. N’ayons pas peur de nous dire crûment la vérité. Une preuve ? Les élections législatives unilatérales ont donné la victoire au camp présidentiel, mais cette victoire à la Pyrrhus ne sert à rien, ne résout rien. Il en est de même lorsqu’on considère le mal togolais dans sa globalité », a-t-il déclaré.
Selon M. Kodjo, l’espérance d’une victoire totale d’un camp sur l’autre est une chimère. « Il faut trouver le moyen d’aboutir à un consensus voire un ‘’pacte national’’ que des élections transparentes et équitables viendraient consolider. Je connais personnellement au moins une douzaine de Togolais de tous bords, des patriotes, qui peuvent en dehors de toutes considérations partisanes, s’asseoir, parler, réfléchir et proposer des solutions à nos problèmes », a-t-il fait savoir tout en précisant qu’il faut qu’on « les y encourage »..
« Nous devons chercher la vérité entre nous, nous donner des garanties mutuelles, avoir le courage sinon d’oublier, du moins d’oblitérer le passé, d’aborder les rivages du ‘’Grand Pardon’’ qui a été si mal compris et méprisé dans le passé mais qui remonte, remonte, remonte à la surface », a-t-il conclu sur le sujet.
Evoquant la facilitation de la Cédéao dans la crise Togolaise, l’ancien facilitateur dans la crise en RDC, qualifie de « désastreuse » , celle menée par l’organisation sou-régionale.
« Je
pèse bien mes mots. Désastreuse, j’ai bien dit. L’impression prévaut que cette
institution n’a pas fait grand cas du sort et des attentes du Peuple Togolais.
Elle n’a proposé que des solutions boiteuses, inappropriées et iniques. Comment
peut-on fixer une date pour des élections alors que la feuille de route
acceptée de tous, indiquait comme préalable à toute consultation électorale,
l’adoption de réformes… j’y perds mon latin.
Aujourd’hui, le mal est fait. », a soutenu
l’ancien secrétaire de l’OUA devenue aujourd’hui UA.