Togo : la CDPA dénonce un “discours en trompe-l’œil” et appelle à une refondation démocratique

Dans un communiqué rendu public ce 3 décembre 2025, la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA) a réagi au discours sur l’état de la Nation prononcé par le président Faure Gnassingbé devant les députés. Le parti estime que l’adresse du chef de l’État s’apparente davantage à une mise en scène politique qu’à un exercice démocratique transparent.
Selon la CDPA, derrière « des formules bien travaillées » se cacherait une réalité préoccupante marquée par « une crise institutionnelle, une paupérisation massive et une régression démocratique assumée ». Le parti critique notamment la proclamation de l’avènement de la Ve République, issue selon lui d’« une révision constitutionnelle imposée sans référendum ».
Le communiqué relève également que l’Assemblée nationale demeure « dominée par une seule famille politique » et que les contre-pouvoirs seraient « muselés », rendant le processus de refondation institutionnelle « non participatif ».
Pauvreté, inégalités et dette publique au cœur des critiques
Sur le volet social, la CDPA estime que les engagements présidentiels sur l’équité ou la justice sociale ne s’accompagnent d’aucune mesure concrète : « sept Togolais sur dix vivent sous le seuil de pauvreté », affirme-t-elle, déplorant l’absence d’indicateurs détaillés ou de stratégies chiffrées.
Le parti critique également l’examen du projet de loi de finances 2026, qualifié de « précipité », et accuse le gouvernement de consacrer l’essentiel du budget au service de la dette et aux charges de fonctionnement au détriment des investissements sociaux. Il pointe une dette publique estimée à 68 % du PIB, contractée selon lui « sans débat public ».
Gouvernance, droits humains et politique extérieure
La CDPA remet en question la crédibilité internationale du Togo, estimant que le pays ne peut se poser en médiateur régional tout en restant « silencieux face aux coups d’État constitutionnels » et en « réprimant l’opposition » à l’intérieur.
Concernant les droits humains, le parti juge que les grâces présidentielles annoncées restent insuffisantes et regrette l’absence de mesures concernant les prisonniers politiques, les journalistes ou les syndicalistes arrêtés.
Un appel à une refondation démocratique
Le communiqué se conclut par quatre demandes principales :
la libération immédiate de tous les prisonniers politiques ;
la relecture urgente de la loi de finances 2026 dans une optique de justice sociale ;
le retrait politique des responsables du régime en place depuis plus de soixante ans ;
une refondation constitutionnelle participative impliquant directement la population.
La CDPA appelle enfin le peuple togolais à « se lever » pour exiger une démocratie « réelle, participative et équitable ».








