
Réuni ce mercredi 7 mai 2025 à Lomé, le Front citoyen « Touche Pas À Ma Constitution » a lancé un appel à la mobilisation populaire contre la nouvelle Constitution adoptée sans référendum par l’Assemblée nationale. Pour le mouvement, le régime en place viole la légitimité populaire et plonge le pays dans une crise institutionnelle.
Réuni devant la presse locale, le Front « Touche Pas À Ma Constitution » a dénoncé une « usurpation du pouvoir constituant » à travers l’adoption d’une nouvelle Constitution sans recours au référendum. Le mouvement, qui regroupe des acteurs de la société civile et des figures politiques de l’opposition, évoque un « sacrilège constitutionnel » commis par le régime de Faure Gnassingbé.
Une nouvelle Constitution jugée illégitime
Dans son communiqué, le Front rappelle que la Constitution de 1992, toujours en vigueur selon lui, a été adoptée à 98 % par référendum. « Aujourd’hui, deux Constitutions s’affrontent », indique le mouvement : celle de 1992, issue de la volonté populaire, et celle de 2025, « imposée par un régime aux abois » sans consultation du peuple.
Pour Nathaniel Olympio, porte-voix du Front, l’article 144 de la Constitution actuelle n’autorise qu’une révision partielle du texte et non son remplacement intégral. « Toute nouvelle Constitution doit être validée par référendum. Ce qui n’a pas été le cas », a-t-il insisté, qualifiant la procédure actuelle de « contrefaçon juridique ».
Concentration des pouvoirs dénoncée
Le Front dénonce également une « dérive monarchique » avec la mise en place d’un régime parlementaire déséquilibré. Faure Gnassingbé, désormais président du Conseil, cumule selon eux les pouvoirs exécutifs, au détriment des contre-pouvoirs démocratiques. La nomination de Jean-Lucien Savi de Tové à la présidence de la République, à un poste largement vidé de son contenu, est perçue comme purement symbolique.
Le mouvement évoque un « crime contre la Nation » en s’appuyant sur l’article 150 de la Constitution de 1992, qui autorise la désobéissance civile en cas de pouvoir illégitime. Il appelle les citoyens à se mobiliser pour défendre l’ordre constitutionnel.
Le geste fort de Marguerite Gnakadé
Un des temps forts de cette conférence a été l’hommage rendu à l’ancienne ministre des Armées, Essossimna Marguerite Gnakadé. Cette dernière a publiquement pris ses distances avec le régime, dénonçant « un système fondé sur la peur, la violence et l’impunité ».
Pour le Front, cette déclaration marque une « fissure majeure » dans l’appareil du pouvoir. Il y voit un « acte de bravoure » et appelle les cadres du parti UNIR à suivre cet exemple. « La citadelle du pouvoir s’effondre de l’intérieur », a déclaré un membre du mouvement.
Appel à la communauté internationale
Le Front appelle également la CEDEAO, l’Union africaine et l’ensemble de la communauté internationale à prendre position face à ce qu’il considère comme une violation grave des principes démocratiques. Les accusations formulées par Mme Gnakadé sont présentées comme un signal d’alarme sur les dérives autoritaires du régime.
Vers une mobilisation citoyenne
Face à la situation, le Front « Touche Pas À Ma Constitution » appelle les citoyens togolais à se mobiliser pour défendre la souveraineté populaire. « L’heure est venue de transformer l’indignation en action », affirme-t-il, en appelant à une mobilisation pacifique, civique et déterminée.
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