
Dans une interview accordée au journal français le Point, Dr Matshidiso Moeti, directrice Afrique de l’OMS exprime ses craintes quant à la non maîtrise de la pandémie du coronavirus sur le continent qui compte aujourd’hui, plus de 6 000 cas dans 41 pays.
« Nous prévoyons un effondrement total des systèmes de santé, car les pays ne pourront pas soigner les malades ni fournir des services essentiels, déclare-t-elle. Elle prédit aussi un effondrement des systèmes de santé des pays africains. « Si le virus n’est pas vaincu en Afrique, le monde entier sera en danger. Pour cette raison, une solidarité mondiale est nécessaire pour vaincre ce virus. Cela comprend la coopération transfrontalière pour partager les connaissances et les ressources afin de lutter contre cette menace commune », a-t-elle ajouté.
Recherche des cas confirmés
Face à la propagation de la pandémie en Europe et aux Etats-Unis, la directrice recommande au pays d’accélérer la recherche des cas confirmés, ainsi que les contacts de ces malades. « Comme cela a été fait en Chine, il faut adapter le niveau de confinement en fonction de la gravité de l’épidémie. Les mesures les plus strictes ont surtout été prises à Wuhan, l’épicentre de la pandémie. Il faut une approche similaire dans certains pays africains », déclare-t-elle. Aussi, elle souhaite le bouclage des zones spécifiques et la mise en place d’un contrôle d’entrée et de sortie qui peuvent aider à contenir l’épidémie.
Les Etats doivent s’inspirer des expériences de la Chine, de la Corée et de Singapour, en misant sur les communications fréquentes, factuelles et transparentes avec le public.
« Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les gens ne veulent pas se mettre eux-mêmes ou les membres de leur famille en danger inutilement. Et nous constatons qu’ils sont prêts à prendre des précautions supplémentaires, y compris l’éloignement physique, pour protéger leur communauté », glisse Dr Matshidiso Moeti.
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La stratégie de l’OMS pour l’Afrique est de contenir la flambée et, dans la mesure du possible, de prévenir les transmissions communautaires. Elle plaide pour des approches intergouvernementales. Et cela est déjà mis en pratique, au Kenya et en Afrique du Sud, et dans d’autres pays.
La stratégie se concentre aussi sur les mesures de prévention connues de tous : se laver les mains, respecter la distance physique, l’isolement et les soins aux personnes malades, la recherche des contacts et l’auto-quarantaine de ceux qui sont en contact avec des cas.