Togo : les Droits en Santé Sexuelle et Reproductive au cœur d’un atelier de renforcement des capacités des Magistrats à Kpalimé

Alors que la Santé Maternelle et Infantile constitue une priorité stratégique dans le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) 2023-2027, l’accès effectif à l’avortement sécurisé demeure un enjeu critique au Togo. Ce paradoxe s’explique notamment par l’absence de textes d’application clairs, malgré un cadre légal relativement favorable, notamment depuis l’adoption de la loi sur la Santé Reproductive en 2007.
C’est dans ce contexte qu’a été lancé mercredi 23 juillet 2025 à Kpalimé, un atelier de renforcement de capacités des Magistrats sur les Droits en Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR). Organisé par la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (DSME) et le Centre de Formation des Professions de Justice (CFPJ avec l’appui tecnique et financier de Ipas Afrique Francophone et l’Association Togolaise pour le Bien-Être Familial (ATBEF), en ). Cet atelier réunit une quarantaite de Magistrats et d’acteurs judiciaires venus de tout le pays.
Outiller la justice pour accompagner les réformes
Pendant trois jours, les participants seront formés aux normes internationales, dont le Protocole de Maputo ratifié par le Togo en 2005, aux recommandations de l’OMS, ainsi qu’à l’état des lieux des DSSR dans le pays. Objectif : créer un environnement juridique solide et harmonisé, propice à un meilleur accès des femmes et jeunes filles aux services de santé reproductive, notamment dans les cas d’avortement légal prévus par la loi (viol, inceste, ou danger pour la vie et la santé de la mère ou du fœtus).
Pour Aboudou Soro, représentant la Directrice Régionale de Ipas Afrique Francophone, cette session contribuera à renforcer les capacités des Magistrats et à encourager des actions concrètes pour améliorer le cadre juridique : « Il s’agit de faire en sorte que les services de qualité soient disponibles, tant au niveau des soins que du cadre légal. »
Une réalité alarmante sur le terrain
Les données récentes confirment l’urgence d’une réforme. En mars 2024, 8 % des femmes reçues en consultation post-natale au Centre hospitalier régional de Tsévié ont déclaré avoir eu recours à un avortement clandestin. Ces interruptions sont souvent liées à des grossesses non désirées, parfois issues de violences sexuelles.
Selon les chiffres du PNUD, plus de 700 cas de violences ont été enregistrés par les centres d’écoute en 2016, et près de trois femmes sur dix âgées de plus de 15 ans ont subi des violences physiques. Cette situation alimente le recours à des pratiques non médicalisées, avec des conséquences sanitaires graves.
Malgré ces défis, le Togo a enregistré des avancées significatives sur le plan sanitaire. La mortalité néonatale est passée de 40 à 27 décès pour 1 000 naissances vivantes entre 1998 et 2013. En 2022, la mortalité infantile est tombée à 36 pour 1 000, tandis que la mortalité maternelle a reculé de 478 à 362 décès pour 100 000 naissances vivantes (source : SNU).

Cependant, ces progrès restent insuffisants pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030. Les obstacles sont multiples : insuffisance d’infrastructures adaptées, manque de personnel qualifié, faiblesses logistiques et surtout, cadre juridique incomplet.

La rencontre prendra fin le 25 juillet, avec la formulation des recommandations concrètes, destinées à faciliter l’opérationnalisation des textes existants et à améliorer durablement l’accès à des soins reproductifs de qualité.
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