Après le succès de Non, je ne regrette rien, écrit pour le «rossignol de Ménilmontant», le compositeur lui livrera près d’une quarantaine de chansons. Après la disparition de la chanteuse, il interprétera lui-même ses créations comme Ta cigarette après l’amour .
Plus de soixante ans après cette mélodie incantatoire, écrite sur des paroles de Michel Vaucaire, cet artiste qui toute sa vie répéta avec humilité que sans Piaf, « on n’est rien du tout », ce musicien qui a composé près de quarante partitions pour ce petit bout de femme qui fit frémir le Carnegie Hall de New York, est mort paisiblement chez lui à l’âge de 95 ans dans la nuit de dimanche à lundi, des suites d’une longue maladie.
Charles Dumont voit le jour le 26 mars 1929, à Cahors, dans la ville de Clément Marot, poète favori de François Ier. Dans ses Mémoires, Non, je ne regrette toujours rien, écrits en 2012, le chanteur y verra un signe du destin. Car pendant toute sa vie, il s’ingéniera à faire chanter, à la manière de ce maître de la plume, de belles paroles d’amour sur ses jolies mélodies. Sa mère, une femme à la santé fragile, confie son éducation à sa tante. L’enfant est sérieux à l’école mais très vite la passion du jazz l’envahit.
Louis Armstrong devient son modèle. Il prend des cours de trompette pour tenter de l’imiter et surtout de comprendre sa geste unique. À 18 ans, ses talents d’instrumentiste sont reconnus et il obtient une médaille au conservatoire de Toulouse. Il ne le sait pas encore, un autre monstre sacré du jazz Duke Ellington, reprendra Non, je ne regrette rien, – No regrets dans la langue de Shakespeare -, une sorte d’hommage à cette sensibilité musicale jazzy qu’il avait tant cultivée durant ses années d’apprentissage.
avec le Figaro