Politique

Togo, 26-28 juin 2025 : bastonnade à Lomé, déploiement militaire, arrestations; retour sur un calvaire

Manifestations interdites, répression massive, images choquantes : pendant trois jours, Lomé a été le théâtre d’une répression violente des manifestants. Retour sur ces journées marquées par l’excès et le silence des autorités.

Une vidéo, rapidement devenue virale, a suscité une vague d’indignation. On y voit deux ou trois militaires à moto frapper à coups de matraque une femme non armée, déjà presque à terre, dans le quartier populaire d’Adakpamé, à Lomé. Un quatrième soldat attend sur une moto, tandis que des passants, figés par la peur, assistent à la scène. La victime hurle : « Je ne suis pas manifestante ! » en vain. Les forces de l’ordre restent insensibles à ses appels.

Cette séquence, filmée discrètement, illustre une réalité brutale : un usage disproportionné de la force alors qu’aucune menace ne justifiait une telle violence. D’autres vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des jeunes battus sauvagement par la police et la gendarmerie, certains à mort.

Comment en est-on arrivé là ?

Tout débute avec des appels pacifiques à manifester, lancés par des figures influentes de la jeunesse togolaise sur les 26, 27 et 28 juin 2025. Ces mobilisations sont immédiatement confrontées à une réponse brutale et massive.

« Les pouvoirs publics ont pris soin de rappeler qu’à ce stade, aucune saisine – avec l’identification des organisateurs des manifestations – n’est sur la table des autorités compétentes. Nous sommes face à une volonté manifeste de semer le désordre et le chaos. Les auteurs d’une situation illégale et irrégulière, assumeront leur responsabilité », a prévenu Gilbert Bawara, le ministre de la Réforme du service public, du travail et du dialogue social. Avant d’ajouter que « tout ce qui pourrait faire régresser notre pays et le faire reculer dans son élan de progrès, doit être proscrit et évité ».

Depuis le premier jour des manifestations, les commerces  sont restés fermés de force. Barrages filtrants, arrestations et usage intensif de gaz lacrymogène ont plongé la ville dans le chaos. De nombreux témoignages et vidéos rapportent des interventions musclées, des passages à tabac et des humiliations, y compris contre des personnes non impliquées dans les manifestations.

LAISSER UN AVIS

Le recours aux forces militaires, qui devraient n’intervenir qu’en dernier recours, est particulièrement critiqué. Contrairement à la police ou à la gendarmerie, ces soldats ne sont pas formés au maintien de l’ordre civil. Leur présence massive a aggravé la situation et contribué à l’escalade des violences.

« Les conséquences humaines sont lourdes : plusieurs blessés graves, certains nécessitant une intervention chirurgicale, notamment pour fractures. Une répression aveugle, sans distinction ni retenue », ont dénoncé des organisations de défense des droits humains dans un communiqué.

Lire aussi-Togo -Manifestation du 26 juin : Une pluie inattendue s’invite dans les rues de Lomé

Du côté du gouvernement, le silence est total. Aucun bilan officiel n’a été communiqué à ce jour.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page