Société

Togo : les autorités interdisent pour la troisième fois une marche en hommage aux victimes de juin

 La marche pacifique prévue ce samedi 9 août à Lomé, en mémoire des victimes des manifestations de juin dernier, n’aura pas lieu. Pour la troisième fois consécutive, les autorités togolaises ont décidé de l’interdire, invoquant des raisons judiciaires et sécuritaires.

Dans une lettre adressée à l’organisation Novation internationale, initiatrice de la marche, le ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Hodabalo Awaté, justifie cette interdiction par l’ouverture d’une enquête judiciaire en cours au Tribunal de grande instance de Lomé. Selon lui, toute mobilisation publique en lien avec ces événements pourrait perturber le bon déroulement des investigations.

Des justifications qui interrogent

Au-delà de la procédure judiciaire, le ministre évoque également un climat sécuritaire préoccupant, marqué selon ses termes par des appels à la haine, des risques de débordement, et la proximité de sites sensibles, comme la lagune de Bè, où plusieurs corps avaient été retrouvés après les manifestations.

Mais ces arguments ne convainquent pas tout le monde. Du côté de la société civile, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une atteinte à la liberté de manifester, pourtant garantie par la Constitution togolaise.

« Une enquête en cours ne devrait pas empêcher un hommage pacifique aux victimes », confie un militant des droits humains.

La répétition de ces interdictions commence à inquiéter. Certaines organisations craignent une restriction progressive des libertés publiques, dans un contexte post-électoral tendu. Récemment encore, même une prière collective en mémoire d’un adolescent tué lors des manifestations avait été interdite par le préfet.

Pour beaucoup, ce traitement contraste fortement avec des exemples ailleurs dans le monde. On cite souvent en exemple la “marche républicaine” organisée en France après les attentats de 2015, alors que des enquêtes judiciaires étaient également en cours.

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Libertés en recul ?

Cette nouvelle interdiction relance le débat sur l’équilibre entre sécurité publique et droits fondamentaux, notamment le droit à la liberté d’expression et de réunion. Dans les rangs de la société civile, certains appellent à une réflexion nationale sur la gestion des mobilisations citoyennes et la place accordée à la voix des populations.

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