Par Sylvie Larrière
Depuis des semaines, les Cassandre annoncent la catastrophe en Afrique. Pourtant, les chiffres ne mentent pas. Ce 11 mai, le nombre de morts sur le continent atteignait les 2293 décès dans 53 pays, sur les 54. Des morts de trop, bien sûr, mais loin du bruit médiatique et des chroniques cataclysmiques.
La très grande majorité des gouvernements ont pris des mesures de confinement, de couvre-feu, prôné les gestes barrières, alors que seuls quelques cas n’avaient été déclarés. Au risque de ne pas être compris par la population, qui continue parfois à chanter « Coronavirus, maladie de blancs ! ».
La licence de journalisme multimédia à distance de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille rassemble 32 étudiants de 14 pays africains et d’Haïti. Dans Carnet du Sud, ils témoignent de la pandémie dans leur pays.
Ils montrent les conséquences économiques pour l’économie informelle ou les chauffeurs de taxi, les défiances vis-à-vis des autorités avec le revers des violences policières, les rumeurs plus dangereuses que le virus en lui-même, les populations oubliées comme les sourds ou les enfants des rues que le confinement a encore plus isolés.
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Mais ils montrent aussi l’incroyable dynamisme de la population, la mise en place de l’enseignement à distance, les étudiants en pharmacie qui fabriquent du gel hydroalcoolique pour palier le manque des pharmacies, des créateurs de masques plus colorés les uns que les autres, de jeunes entrepreneurs qui impriment en 3D des visières ou des respirateurs, les acteurs qui luttent contre la désinformation, avec en premier lieu, l’incroyable travail des radios communautaires.
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Alors, certes, l’addition risque d’être très sévère sur le plan économique et la maladie importée n’arrangera certainement pas les sentiments anti-occidentaux en hausse ces derniers temps, mais les publications de ces jeunes journalistes africains permettent de porter un autre regard sur le Covid-19 en Afrique : le leur.