Afrique de l’Ouest : le trafic de drogues alimente une consommation locale hors de contrôle

Initialement zone de transit pour la cocaïne et l’héroïne en provenance d’Amérique latine et à destination de l’Europe, l’Afrique de l’Ouest est désormais confrontée à une montée inquiétante de la consommation locale de drogues.
À Dakar, l’unité de prise en charge des addictions – la seule du genre dans la sous-région – voit ses demandes de cure de désintoxication doubler, atteignant jusqu’à 40 par mois. La méthadone y est utilisée pour aider d’anciens consommateurs d’héroïne à sortir de la dépendance.
Selon plusieurs rapports internationaux, la région est devenue un bastion pour les mafias, notamment la ‘Ndrangheta italienne et des groupes venus des Balkans. Ces réseaux utilisent le territoire pour acheminer la cocaïne vers l’Europe, mais une partie des flux « déborde » localement : des intermédiaires payés en nature revendent la marchandise sur place.
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Ce phénomène touche particulièrement les jeunes. La drogue synthétique appelée kush, surnommée « drogue du zombie », s’est répandue depuis la Sierra Leone au milieu des années 2010 vers la Guinée, le Liberia, la Gambie, le Sénégal et la Guinée-Bissau. Peu coûteuse et extrêmement addictive, elle détruit des vies entières. « J’ai complètement perdu ma famille depuis que j’ai commencé à fumer en 2018 », confie Ramadan, un consommateur de Freetown.
Les experts alertent : face à une population jeune et en forte croissance, même une faible proportion de consommateurs pourrait représenter un marché colossal pour les trafiquants. L’Afrique de l’Ouest, longtemps simple carrefour du trafic mondial, est désormais une cible.