La Conférence de l’ONU sur le climat (COP25) a conclu dimanche ses travaux à Madrid, en Espagne, sur des sentiments partagés avec quelques avancées mais pas assez d’ambition face à l’urgence climatique.
« Nous terminons avec des sentiments mitigés », a déclaré la Présidente de la COP25 et Ministre de l’environnement du Chili, Carolina Schmidt à la clôture des travaux de la conférence avec 40 heures de retard.
« Avec l’espoir qu’ensemble nous pouvons réaliser de grandes choses, comme le Chili l’a fait avec l’Espagne en mettant sur pied cette COP en un temps record », a dit Mme Schmidt, dont le pays a dû renoncer à la tenue de la conférence à Santiago un mois avant son début en raison des manifestations.
« Mais il n’y a toujours pas de consensus pour augmenter l’ambition aux niveaux dont nous avons besoin », a déploré la Présidente de la COP25 à l’issue des deux semaines de négociations dans la capitale espagnole.
« Je suis déçu des résultats de la COP25 », a laconiquement déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un communiqué de presse et sur Twitter.
A Madrid, « la communauté internationale a raté une occasion importante de montrer une ambition accrue en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement pour faire face à la crise climatique », a déploré le chef de l’ONU.
Vendredi, date à laquelle la COP25 devait se terminer, les négociateurs étaient parvenus à un accord sur certaines questions importantes, telles que le renforcement des capacités, un programme sur l’égalité des sexes et la technologie. Mais un accord global était en suspend en raison d’un désaccord sur les questions plus litigieuses concernant les pertes et dommages d’origine humaine, ainsi que le financement de l’adaptation au changement climatique.
Des négociateurs fatigués ont travaillé tard dans la nuit de vendredi à samedi à la demande de la Présidente de la COP, mais une version provisoire du texte final publié samedi matin aurait déçu toutes les parties aux négociations. Des représentants d’ONG et de la société civile décrivant le texte comme étant inacceptable et une trahison des engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat en 2015.
Samedi après-midi, les organisateurs de la COP ont expliqué lors d’une conférence de presse que les négociateurs étaient toujours à pied d’œuvre, dans le but de « montrer au monde extérieur que nous pouvons fournir des résultats, que le multilatéralisme fonctionne », avait alors déclaré Mme Schmidt.
Samedi soir, il n’y avait toujours aucun signe d’accord à Madrid. « Il semble que la COP25 à Madrid se désagrège en ce moment. La science est claire, mais la science est ignorée », a déploré Greta Thunberg, la militante du climat âgée de 16 ans qui, lors du Sommet Action Climat en septembre dernier, avait accusé les Etats de ne pas assumer leur responsabilité face à l’urgence climatique.
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« Quoi qu’il arrive, nous n’abandonnerons jamais. Nous venons à peine de commencer », a toutefois dit la jeune militante suédoise.
Des propos dont s’est fait l’écho dimanche le Secrétaire général de l’ONU. « Nous ne devons pas abandonner et je n’abandonnerai pas », a dit M. Guterres.
Le chef de l’ONU s’est dit « plus déterminé que jamais » à œuvrer pour faire de 2020, l’année où tous les pays s’engageront à faire ce que la science nous dit être nécessaire : « atteindre la neutralité carbone en 2050 et une augmentation maximale de la température limitée à 1,5 degré ».
Les réalisations clés enregistrées lors de la COP25
Malgré la déception suscitée par le manque d’ambition climatique à l’issue de la COP25, plusieurs avancées ont été enregistrées lors des deux semaines de négociations à Madrid.
L’Union européenne, par exemple, s’est engagée en faveur de la neutralité carbone d’ici 2050. Un engagement salué par le chef de l’ONU. 73 Etats ont indiqué leur intention de soumettre un plan d’action climatique amélioré (ou contribution déterminée au niveau national). La conférence a reconnu les 11 nations qui ont entamé un processus interne pour stimuler l’ambition climatique qui est reflétée dans leurs plans nationaux d’ici 2020, tel que prévu dans l’Accord de Paris.
La bataille du changement climatique se joue également au niveau local. 14 régions et 398 villes s’efforceront d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Au cours de la conférence, 177 entreprises se sont engagées à fixer d’importants objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour aider à limiter les pires effets du changement climatique. Ces 177 entreprises représentent au total plus de 5,8 millions d’employés et couvrent 36 secteurs. Leur capitalisation boursière combinée s’élève à plus de 28.000 milliards de dollars américains et leurs émissions directes annuelles sont équivalentes à celle de la France.
Le nombre d’entreprises qui se sont engagés envers la neutralité carbone a également doublé. Elles étaient 90 au Sommet Action Climat et sont aujourd’hui 177 à la COP25 Les émissions de gaz à effet de serre de ces 177 entreprises représentent l’équivalent de 83 centrales à charbon.
Lors de la COP25, les investisseurs ayant annoncé qu’ils déplaceront leurs portefeuilles vers des émissions neutre en carbone ont presque doublé en terme de montant. Ils représentaient 2.400 milliards de dollars lors du Sommet Action Climat en septembre 2019. Trois mois plus tard, ils représentent désormais 4 milliards de dollars à la COP25.
Tous ces efforts montrent clairement que les acteurs non-étatiques reconnaissent le besoin urgent de prendre des mesures ambitieuses pour faire face à l’urgence du changement climatique. Une ambition qui devra être accrue lors de la prochaine Conférence de l’ONU sur le climat (COP26) qui sera organisée à Glasgow, au Royaume-Uni, en novembre 2020.
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