Jean-Pierre Fabre, leader de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC, opposition) a été élu mercredi 11 septembre maire de la quatrième commune du Grand Lomé, quelques mois après avoir perdu son statut de « chef de fil de l’opposition ». Il s’agit d’une victoire d’étape pour l’opposant mais dispose-t-il de marges de manœuvre dans son élan de faire évoluer les choses à sa manière? Eléments de réponse.
* Election municipale, une page de plus de trente ans fermée
Le Togo a franchi le 30 juin et le 15 août 2019, un pas dans sa gouvernance. Les élections locales tant réclamées par les partenaires et les partis politiques ont enfin eu lieu et permettront au pouvoir central de déléguer une partie de la gouvernance aux collectivités locales. Remportées haut les mains par le parti au pouvoir (UNIR) avec plus de 900 sièges de conseillers municipaux, les élections des maires ont débuté conformément aux textes du pays et instructions du ministre de l’administration territoriale. Parmi les 117 maires et adjoints qui sont ou en cours d’être élus, se trouve le leader de l’ANC, opposition, qui a été désigné suite à une alliance avec la coalition des 14 pour régner sur Golfe 4 qui a pour chef-lieu Amoutiévé.
*Jean-Pierre Fabre maire, Et maintenant ?
Cette question a tout son sens au regard des discours servis par l’ensemble des leaders de l’opposition dont Jean-Pierre Fabre, un ancien avant et pendant la tenue desdites échéances. « … l’ANC sollicite vos suffrages qui doivent lui permettre d’amorcer le véritable développement des communes du Togo, confinées jusqu’alors à la misère et au dénuement par un régime prédateur qui se contente de piller impunément les ressources nationales », a déclaré l’opposant dans un message délivré à la nation à l’occasion des locales. Et de poursuivre « notre lutte commune approche de son terme. Elle doit aboutir d’ici à 2020. C’est la conviction que je veux partager avec vous tous ». Ces extraits tirés de son message montrent clairement un leader toujours déterminé à faire aboutir les aspirations du peuple togolais dont se réclament tous les parties politiques du pays. Mais, une fois l’étape des élections franchie, place aux scénarios qui pourront favoriser l’atteinte de ces objectifs. « C’est beau de promettre et d’avoir une volonté de faire mieux que ceux qui sont là ou ont fait avant toi, mais c’est beaucoup appréciable de disposer des manœuvres et actuellement Jean-Pierre Fabre n’en dispose pas », confie un observateur interrogé par 24heureinfo.
Il ajoute par ailleurs, qu’en situation d’infériorité par rapport au nombre de sièges remportés par le parti au pouvoir, l’opposition prendra la tête des communes qui seront confinées entre des communes dirigées par des cadres du parti au pouvoir et ce sera difficile d’avoir toutes les cartes en main. Plus loin, souligne un expert en gouvernance locale, Fabre est beau être élu maire mais ne pourra pas faire ce qu’il veut ou pense car le pouvoir a déjà tout prévu.
Au-delà des équations sur les manœuvres du candidat malheureux à la présidentielle de 2015, Fabre pourra quand même commencer en mettant en oeuvre les points listés dans son programme de campagne de son parti avant les locales notamment promouvoir l’accès pour tous à l’eau potable et aux soins de santé primaires, mettre en place de services d’état civil performant et accompagnés de délivrances foraines de pièces d’état civil et de pièces d’identité, réhabiliter ou la construction d’écoles, de marchés et d’infrastructures sportives et culturelles pour les jeunes ou encore créer d’un cadre incitatif visant à mettre fin à l’arbitraire et à l’injustice dans l’institution et la collecte des taxes municipales notamment auprès des femmes des marchés. A tout point de vue, rien ou personne n’empêchera Fabre d’essayer.