Les chefs d’état et de gouvernement de la Cédéao ont demandé jeudi 20 août, le rétablissement d’Ibrahim Boubacar Kéita, dans ses fonctions de président de la République du Mali, 48 heures après son renversement du pouvoir par la junte militaire. La décision a été prise lors d’une session extraordinaire consacrée à la situation sociopolitique par visioconférence.
« Nous allons engager des discussions avec les responsables de la junte militaire pour leur porter le message de notre communauté et leur faire comprendre que le temps des prises de pouvoirs par la force est révolu dans notre sous-région », a fait savoir le président en exercice de la conférence des Chefs d’Etat, le Nigérien Mahamadou Issoufou, tout en promettant de travailler de façon inclusive, avec tous les fils du Mali pour le « retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais ».
Sous l’égide du médiateur de la Cédéao, l’ex-Chef d’Etat Nigérian, Goodluck Jonathan, des discussions seront poursuivies avec toutes les parties prenantes pour une sortie de crise. Parallèlement, une mission de chefs d’Etat est attendu dans le pays.
#Mali : Ce matin, lors du sommet extraordinaire, j'ai appelé la CEDEAO à réapprécier les sanctions annoncées, pour tenir compte des impératifs humanitaires. Les denrées de première nécessité, les produits pharmaceutiques et pétroliers ne seront pas concernés par l’embargo. pic.twitter.com/22MCUh98ch
— Macky Sall (@Macky_Sall) August 20, 2020
Pour les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’AFrique de l’ouest, le « Mali est dans une situation critique avec des risques graves » et un affaissement de l’Etat et des institutions entraînera « des revers dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé avec toutes les conséquences pour l’ensemble de notre communauté ». » C’est dire que ce pays a plus que jamais besoin de notre solidarité », a ensuite souligne le dirigeant Issoufou.
Parallèlement, les chefs d’Etat ont confirmé la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, financières et commerciales à l’exception des denrées de première nécessités, des médicaments, du carburant, et de l’électricité entre les pays membres et le Mali. Les partenaires sont invités à faire de même pour obliger les putschistes à revenir sur leur décision et rétablir l’ordre constitutionnel.
Des revers pour la diplomatie sous-régionale
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« Le coup de force contre un Président démocratiquement élu constitue une violation du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance. Nous l’avons fermement condamné », a déclaré jeudi le président Macky Sall qui appelle à agir « avec responsabilité et célérité afin d’éviter que le Mali ne sombre dans un vide institutionnel et dans une impasse politique ».
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D’après le président du Nigéria, le coup d’Etat perpétré au Mali par la junte militaire constitue un « grand revers » pour la diplomatie régionale, « avec de graves conséquences pour la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest ». « Il est temps pour l ‘«autorité» inconstitutionnelle du Mali d’agir de manière responsable et d’assurer le rétablissement de l’ordre constitutionnel, de la paix et de la stabilité. Un Mali politiquement stable est primordial et crucial pour la stabilité de la sous-région », insiste Buhari qui mise sur la coalition des efforts, CEDEAO, UA, ONU avec les autres parties prenantes pour « travailler ensemble jusqu’à la restauration de l’administration civile ».