La candidature du Chef de l’Etat pour un nouveau mandat en 2020 revient sur le tapis. Pour certains, c’est la loi fondamentale révisée en mai 2019 qui la lui autorise et pour d’autres, c’est une question d’éthique et de morale. Faure Gnassingbé peut-il se représenter pour un quatrième mandat en 2020 ? La question agite la classe politique togolaise.
« Nous invitons le Chef de l’Etat à ne pas se présenter en 2020 pour un quatrième mandat », a lancé jeudi 3 octobre devant la presse, la coalition des 14 partis de l’opposition, réduite à six aujourd’hui. Le regroupement, qui avait fait de la candidature du Chef de l’Etat actuel en 2020 un préalable pour les dialogues il y a un an ne veut pas céder. Tout comme ce groupe, d’autres leaders de l’opposition à l’instar de Gilchrist Olympio avait lancé un appel similaire en 2017 : « Faure Gnassingbé doit ensuite accepter le principe de ne pas se représenter à la présidentielle de 2020, afin de laisser le champ libre à une consultation démocratique ». Mais pour le camp au pouvoir, cette décision revient à son parti.
Faure Gnassingbé, le « Messi » du parti au pouvoir
Selon le ministre de la fonction publique, Gilbert Bawara, la candidature du président actuel en 2020 ne pose aucun problème, parce que, «aucune disposition légale du pays ne la lui interdit formellement ». Sur une télévision privée dimanche, le haut cadre du parti présidentiel –Union pour la République- compare Faure Gnassingbé au « dieu » du football mondial « Lionel Messi » du Barcelone.
« Imaginons que le parti UNIR est l’entraîneur du Barça et que Messi est en pleine possession de ses moyens et dont l’expérience n’est discutée par personne. Et pour un match décisif, on le met à la touche, c’est qu’on est criminel. Il n’y a pas de raison qu’une équipe comme le Barça joue en Champion’s League et laisse à la touche, son champion le plus aguerri et expérimenté et qui a fait des démonstrations », a-t-il caricaturé avant d’ajouter « le Président Faure Gnassingbé » (ndlr) se consacre quotidiennement au bien du Togo. Le moment venu, le parti UNIR se réunira et informera l’opinion de son candidat ».
Ce que dit la loi fondamentale
La constitution togolaise révisée le 8 mai 2019 a tranché la question de la représentativité du Chef de l’Etat en 2020. Selon l’article 59 nouveau, « le président de la République est élu au suffrage universel, libre, direct, égal et secret pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois » mais les mandats déjà réalisés et celui en cours à la date d’entrée en vigueur de la nouvelle loi constitutionnelle « ne sont pas pris en compte ». Pour le gouvernement, cette précision introduite est faite pour « ne pas rendre impersonnelle » la modification constitutionnelle. Dans ce cas, Faure Gnassingbé, comme tout autre citoyen, pourra « se présenter en 2020 et 2015 » si son parti fait son choix, commente un observateur.