
Une ferveur palpable flottait ce mercredi sur la place de la Nation à Ouagadougou, où des milliers de personnes ont répondu à l’appel au rassemblement en soutien au capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition et chef de la junte au pouvoir depuis septembre 2022. Sur les écrans géants de la RTB, la télévision nationale, les discours du Premier ministre ont été largement diffusés, galvanisant une foule acquise à la cause des autorités militaires.
Le rassemblement intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Ouagadougou et Washington. Le 15 avril dernier, le général américain Michael Langley, chef de l’Africom (Commandement des États-Unis pour l’Afrique), mettait en cause la gestion des ressources minières du Burkina Faso, accusant la junte d’en détourner les profits à son avantage au détriment de la population. Des propos jugés « inacceptables » par nombre de manifestants, à l’image de Mohamed, rencontré sur place : « L’or du Burkina, c’est pour nous. Si nous voulons, nous allons le partager entre Burkinabè. Ce sont les Occidentaux qui n’arrivent plus à mettre la main sur nos richesses et qui inventent des mensonges. Nous, nous sommes les gardiens de la République », martèle-t-il.
Ce rejet virulent des ingérences étrangères s’accompagne d’une forte mise en avant de l’identité sahélienne. Dans la foule, de nombreuses pancartes arboraient le sigle de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupement récemment formalisé entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, trois pays dirigés par des régimes militaires ayant rompu avec la France et tourné le dos à la CEDEAO.
Cette mobilisation populaire survient également quelques jours après l’annonce par les autorités burkinabè d’un « complot majeur » visant à renverser le pouvoir en place. Une tentative déjouée selon les services de sécurité, mais qui ravive les souvenirs d’instabilité chronique dans ce pays en proie à une insécurité persistante.
Des rassemblements similaires, bien que plus modestes, ont également été signalés dans d’autres villes comme Bobo-Dioulasso et Boromo. Sur les réseaux sociaux, les influenceurs pro-Traoré ont appelé leurs abonnés à afficher des portraits du capitaine ou des messages de soutien sur leurs profils, renforçant l’image d’un pouvoir militaire qui cherche à s’ancrer durablement dans le paysage politique national, en s’appuyant sur une base populaire et une rhétorique anti-impérialiste.
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