
Les tribunaux de Bamako ont validé vendredi 30 mai 2025, le décret controversé pris par la junte militaire, malgré l’indignation des partis dissous et des défenseurs de la démocratie.
La tension ne faiblit pas au Mali depuis la décision fracassante du général Assimi Goïta. Le 13 mai, la junte au pouvoir a prononcé la dissolution de toutes les formations politiques et organisations à caractère politique. Une interdiction stricte de toute réunion a également été imposée. Les réactions n’ont pas tardé, notamment sur le terrain judiciaire.
Moins de deux semaines plus tard, plusieurs citoyens maliens ont saisi les tribunaux civils de Bamako pour contester la légalité du décret présidentiel. Ces requêtes, déposées en l’absence de capacité juridique des partis eux-mêmes, visaient à défendre les libertés fondamentales — d’association, de réunion et de participation à la vie publique.
Rejet en bloc des recours judiciaires
Mais la réponse des autorités judiciaires est cinglante : les recours ont été rejetés. Selon un communiqué publié jeudi, signé par Mountaga Tall, avocat et président du Congrès d’initiative démocratique (Cnid), l’un des partis frappés par la dissolution, les juridictions de première instance ont rejeté toutes les demandes.
Pour autant, les requérants ne comptent pas en rester là. « Malgré ces rejets de première instance, la bataille se poursuivra », assure Mountaga Tall. Des appels ont été déposés devant la cour d’appel de Bamako, tandis que la Cour suprême a également été saisie. Le combat juridique pourrait bientôt franchir les frontières maliennes, annonce le communiqué : « La bataille se poursuivra au Mali comme à l’international. »
Un climat de répression croissante
Cette vague autoritaire s’inscrit dans une tendance inquiétante de durcissement du régime militaire. La dissolution des partis a été annoncée dans la foulée d’une manifestation tenue le 3 mai à Bamako, au cours de laquelle plusieurs centaines de personnes avaient dénoncé une éventuelle suppression du pluralisme politique.
La junte justifie sa décision par une volonté de « rationalisation », dans un pays où près de 300 partis sont enregistrés. Une explication qui peine à convaincre alors que, depuis plusieurs mois, les libertés publiques ne cessent d’être restreintes.
Fin avril, une concertation nationale pilotée par les militaires recommandait déjà la dissolution des partis et proposait une modification radicale du processus démocratique. Le général Goïta y était désigné président pour un mandat de cinq ans — sans élection. Une annonce qui officialise la rupture avec les engagements pris en mars 2024 de rendre le pouvoir à des civils élus.
Vers une opposition plus offensive ?
Dans les rues de Bamako comme sur les réseaux sociaux, l’indignation grandit. Une nouvelle génération de militants pro-démocratie commence à s’organiser, malgré les risques. Pour eux, l’heure n’est plus à la résignation. « Le pouvoir tente de tout verrouiller, mais la jeunesse n’a pas dit son dernier mot », confiait récemment Cheick Oumar Doumbia, figure montante de la contestation.
Alors que les recours se multiplient et que les regards se tournent vers la justice internationale, une chose est claire : la bataille pour la démocratie au Mali ne fait que commencer.