Culture

Jacob Desvarieux, fondateur du groupe Kassav’ est mort à l’âge de 65 ans

Le guitariste et chanteur guadeloupéen Jacob Desvarieux est mort vendredi 30 juillet des suites du Covid-19. De santé fragile depuis une greffe rénale, le musicien de 65 ans avait été hospitalisé le 12 juillet à Pointe-à-Pitre après avoir été contaminé par le coronavirus. Il était l’un des fondateurs du groupe Kassav’, monument de la musique antillaise qui a connu un énorme succès dans les années 1980 en mélangeant des rythmes caribéens pour créer un nouveau genre, le zouk.

« Au départ, c’était un laboratoire : nous cherchions à trouver une bande-son qui fasse la synthèse de toutes les traditions et sons antérieurs, mais qui soit exportable partout », avait raconté le musicien à Libération en 2016. Un cocktail qui donne naissance à des tubes chantés en créole, comme Zouk la sé sèl médikaman nou ni (1984, sur un album que Desvarieux cosigne avec un autre fondateur de Kassav’ mais qui ne sort pas sous le nom du groupe) ou Syé bwa (1987). « A travers notre musique, nous interrogions nos origines. Qu’est-ce qu’on faisait là, nous qui étions noirs et parlions français ? » expliquait-il au quotidien.

Rock et gwo ka

Jacob Desvarieux est né en 1955 à Paris mais il grandit entre la Guadeloupe, la Martinique et le Sénégal. Il apprend la guitare et revendique des influences rock, de Chuck Berry à Jimi Hendrix, mais quand Pierre-Edouard Decimus (du groupe Les Vikings de la Guadeloupe) et Freddy Marshall fondent en 1979 le groupe Kassav’ (en référence à la cassave, une galette de manioc), il les rejoint  immédiatement. La chanteuse martiniquaise Jocelyne Béroard intègrera le groupe en 1980.

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Ils sortent leur premier album, Love and Ka Dance, dès 1979. La base de leur musique est le gwo ka, musique guadeloupéenne marquée par les tambours, et ils y ajoutent des ingrédients venus de toute la Caraïbe (compas haïtien, biguine) et un emballage moderne, avec basse, cuivres et claviers.

Kassav’ atteint le pic de sa popularité à la fin des années 1980. Le groupe signe un contrat avec la multinationale du disque CBS, sort l’album Vini Pou en 1987 (disque de platine) et reçoit une Victoire de la musique en 1988. Encensé par le jazzman américain Miles Davis, le groupe enchaîne les concerts dans le monde entier. Et parallèlement aux nombreux albums de Kassav’, ses membres sortent des disques solo.

« Une voix connue de tous »

De nombreuses personnalités ont rendu hommage à Jacob Desvarieux, vendredi et samedi. Le judoka guadeloupéen Teddy Riner a salué « une immense voix des Antilles », tandis que l’ancienne ministre Christiane Taubira, originaire de Guyane, s’est remémoré « sa voix, sa dégaine, son talent, sa joie, ce sourire, cette inclinaison de la tête et même sa salopette des débuts ». « Les Antilles, l’Afrique et la musique viennent de perdre l’un de [leurs] plus grands ambassadeurs. Jacob, grâce à ton art, tu as rapproché les Antilles à l’Afrique. Dakar où tu as vécu te pleure. Adieu l’ami », a tweeté le chanteur sénégalais Youssou Ndour.

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France Info et AFP

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