Togo : la prise de la pierre sacrée « Ekpesoso » inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

La prise de la pierre sacrée « Ekpesoso » vient d’être officiellement inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. L’annonce a été faite lors de la 20ᵉ session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenue à New Delhi, en Inde.
Une délégation togolaise composée de responsables institutionnels, d’experts du patrimoine et de représentants de la communauté porteuse du rite a pris part à cette session, conduite par Bakayota Kpaye, directeur de cabinet du ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts.
Un troisième élément togolais inscrit au patrimoine mondial
L’inscription d’Ekpesoso vient renforcer la présence du Togo sur la scène culturelle internationale. Le pays compte désormais trois éléments inscrits au patrimoine immatériel de l’UNESCO, aux côtés du Gélèdè et de la Maïeutique : connaissances, savoir-faire et pratiques, issus de candidatures multinationales.
Cette reconnaissance est le fruit d’un long processus piloté par le ministère chargé de la culture, qui mène depuis plusieurs années un travail de sauvegarde et de valorisation du patrimoine immatériel togolais.
Un dossier porté par l’Académie du Guingbé et soutenu par l’État
L’initiative de l’inscription émane de l’Académie du Guingbé et des savoirs endogènes guin et mina, accompagnée techniquement par la Direction du patrimoine culturel. Ensemble, ils ont élaboré un dossier répondant aux cinq critères de sélection exigés par l’UNESCO.
Soumis en février 2024 au secrétariat de la Convention de 2003, le dossier a été évalué pendant près de deux ans, jusqu’à son adoption officielle lors de la session de New Delhi.
Le Togo salue également l’appui de sa Délégation permanente auprès de l’UNESCO à Paris et de la Commission nationale togolaise pour l’UNESCO, qui ont joué un rôle clé dans l’aboutissement du processus.
Une reconnaissance universelle pour un rite ancestral guin
L’inscription de « La prise de la pierre sacrée ou rites du nouvel an en pays Guin » confirme le passage de cet élément du patrimoine communautaire guin à un patrimoine reconnu par l’humanité entière.
Cette reconnaissance renforce :
la visibilité internationale du rite,
la prise de conscience de son importance culturelle,
et le dialogue entre les peuples, dans le respect de la diversité culturelle.
Au Togo, Ekpesoso a déjà fait l’objet d’un inventaire, d’un classement national et désormais d’une inscription internationale, trois étapes qui garantissent sa sauvegarde sur le long terme.
Vers une sauvegarde nationale et internationale
Grâce à son entrée sur la Liste représentative, la sauvegarde du rite devient une responsabilité partagée entre la communauté guin, l’État togolais et l’UNESCO. Des partenaires internationaux pourront désormais appuyer :
la conservation du rite,
sa transmission aux jeunes générations,
et sa valorisation culturelle et touristique.
L’inscription est une fierté locale, nationale et même régionale, dans un contexte où l’Afrique demeure sous-représentée sur cette liste mondiale.
Un levier pour le développement culturel et touristique
La reconnaissance internationale ouvre la voie à de nouvelles perspectives de développement, notamment dans :
le tourisme culturel,
la coopération internationale,
et les projets communautaires.
Parmi les défis à venir : élaborer un plan de sauvegarde, intégrer l’élément dans les documents de développement local et national, et assurer une participation active aux rapports périodiques soumis tous les quatre ans à l’UNESCO.
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Ekpesoso, une étape clé du cycle rituel Epé Ekpé
Représentatif de toute l’aire culturelle guin, Ekpesoso s’inscrit dans un long processus rituel marquant l’entrée dans la nouvelle année guin, Epé Ekpé. Il intervient après plusieurs phases sacrées, dont :
Sédodo (décrets d’interdictions),
Situtu (rite de purification),
Montata (aplanissement de la voie),
Blikumama (distribution des grains de maïs),
Tchessidodo (préparation de l’eau de purification),
Avéfonfon (débroussaillement de la voie),
Ekpesoso,
Nloli Yogbé (invocation des morts),
Yêkêyêkê dugbé (repas traditionnel),
Nlowa nagbé (nouvel an guin),
Ekpantchontchon (carnaval),
Vodudzé Apu (retour des divinités à la mer),
Yêkê-Yêkê.










