
Selon les chercheurs en sécurité informatique d’Amnesty International, un militant togolais des droits de l’homme a été espionné en décembre 2019 par un logiciel fabriqué en Inde.
Dans son nouveau rapport publié jeudi 7 octobre 2021, Amnesty International révèle que le célèbre groupe de hackers Donot Team a utilisé de fausses applications Android et des courriels infectés par des logiciels espions pour cibler un défenseur togolais des droits humains bien connu, dans le but de le placer illégalement sous surveillance. D’après le document, il s’agit de la première fois que les spywares de Donot Team sont identifiés dans des attaques en dehors de l’Asie du Sud.
Le militant togolais, qui préfère garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, travaille depuis longtemps avec des organisations de la société civile togolaise et est une voix essentielle qui défend les droits humains dans le pays. Ses appareils ont été ciblés entre décembre 2019 et janvier 2020, alors que le climat politique était tendu à l’approche de l’élection présidentielle de 2020 au Togo.
« À travers le monde, les cybermercenaires tirent sans scrupules profit de la surveillance illégale
des défenseur·e·s des droits humains, » a déclaré Danna Ingleton, directrice adjointe d’Amnesty
Tech Avant d’ajouter que « Tout le monde peut être une cible : des cybermercenaires vivant à des centaines de kilomètres peuvent pirater votre téléphone ou votre ordinateur, regarder où vous allez et à qui vous parlez, et
vendre vos données privées à des gouvernements répressifs ou à des criminels.»
Des attaques persistantes via WhatsApp et par courriel ont tenté de piéger la victime pour qu’elle installe une application malveillante travestie en application de messagerie instantanée sécurisée. Il s’agissait en fait d’un logiciel espion pour Android conçu pour extraire des informations parmi les plus sensibles et personnelles stockées sur le téléphone du militant.
Aussi, le logiciel espion a permis aux auteurs de l’attaque d’avoir accès à la caméra et au microphone, de récupérer des photos et des fichiers stockés sur l’appareil, et même de lire les messages WhatsApp chiffrés au moment de l’envoi et de la réception. Le caractère secret de ces attaques fait qu’il est extrêmement difficile pour les militant·e·s de détecter si leur téléphone est infecté.
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« Quand j’ai compris qu’il s’agissait d’une tentative d’espionnage numérique, je me suis senti en
danger. Je n’arrive pas à croire que mon travail puisse déranger certaines personnes au point
qu’elles essaient de m’espionner. Je ne suis pas le seul à travailler pour les droits humains au
Togo. Pourquoi moi ? », a déclaré à Amnesty International le défenseur des droits humains basé
au Togo.
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