La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a organisé, le mardi 11 février à Lomé, un roadshow consacré au lancement du produit « Prêts adaptés aux catastrophes naturelles » (PACAN), un outil innovant pour renforcer la résilience aux risques climatiques.
« Le PACAN est le fruit d’une collaboration entre la BOAD, des partenaires comme KfW, Frankfurt School of Finance and Management, Munich Re et African risk capacity limited (Arc Ltd) qui mettent en place un produit pour venir soulager les Etats lorsqu’ils sont confrontés à des catastrophes naturelles », a expliqué Moustapha Ben-Barka, vice-président de la banque ouest africaine, chargé des financements et investissements.
Cette cérémonie a été marquée par la présentation du PACAN et la remise d’un chèque de six millions six cent vingt-quatre mille trois cent quarante (6.624.340) Euros au Togo, premier pays bénéficiaire de ce produit. Plusieurs partenaires ont assisté à cet évènement dont Mme Sonja Wassermann, directrice du bureau de la KfW à Lomé.
Le PACAN, un produit de résilience aux risques climatiques
Le concept PACAN fait actuellement l’objet d’un projet pilote lancé en août 2024 dans quatre pays à savoir : Bénin, Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo, pour un portefeuille de prêts s’élevant à plus de 350 millions de dollars (environ €314 millions et 206 Mds de FCFA).
Cet outil financier offre des prêts à des conditions avantageuses pour financer des projets d’adaptation au changement climatique, combinés à une assurance paramétrique, qui s’active automatiquement et rapidement en cas de catastrophe. Avec le PACAN, poursuit M. Ben-Barka, en cas de catastrophe naturelle (sécheresse, inondations), ou une crise sanitaire (épidémie, pandémie), les pays membres de la BOAD n’ont pas besoin d’utiliser leurs fonds propres limités pour rembourser les prêts, mais qu’ils peuvent les consacrer à l’aide d’urgence, à la reconstruction et à l’atténuation des effets négatifs du choc.
« L’assurance contre les risques climatiques aide les pays à se protéger contre les effets de phénomènes climatiques extrêmes, dont certains sont imprévisibles. Le caractère innovant et inédit de ce produit réside dans la combinaison d’une offre de prêts bonifiés à un produit d’assurance paramétrique, c’est-à-dire que la couverture des obligations de paiement est liée à un élément déclencheur défini au préalable », a précisé M. Ben-Barka.
M. Moubarak Moukaila, directeur du département du financement durable à la BOAD a relevé qu’en cas d’évènement extrême, l’aide apportée aux Etats arrive généralement trop tard et n’est pas suffisante pour remédier efficacement aux dommages. Par conséquent, les pays touchés par ces évènements sont souvent contraints de réaffecter des fonds budgétaires, ce qui affaiblit leur résilience dans d’autres domaines.
Pour lui, l’approche des PACAN permet d’accroître la liquidité pendant une crise et de renforcer ainsi la résilience fiscale des emprunteurs. Ces prêts assurés sont utilisés pour financer les investissements nécessaires dans des projets de protection et d’adaptation au climat.
Le Togo, 1er bénéficiaire du PACAN
Le premier déclenchement de ce produit a été fait au profit du Togo en novembre 2024 suite aux fortes pluies et aux inondations qui ont frappé plusieurs régions du pays en octobre dernier.
« Ce mécanisme a été activé pour offrir un soutien budgétaire et des liquidités rapides au pays lui permettant de faire face aux dommages et aux besoins urgents des populations touchées », a dit Col Baka Yoma, directeur de l’Agence nationale de protection civile (ANPC), représentant du ministre de la Sécurité et de la protection civile. Il a relevé que ce projet représente une opportunité unique de renforcer les capacités des communautés et des entreprises à faire face aux chocs, tout en soutenant la reconstruction rapide et durable au sien de l’espace UEMOA.
Col Baka a souhaité que ce projet « marque une nouvelle étape dans notre lutte contre les conséquences des catastrophes naturelles, en renforçant la résilience de nos communautés et en leur permettant de reconstruire non seulement leurs infrastructures mais aussi leur espoir et confiance en l’avenir ».
Avec la phase expérimentale, le Togo a bénéficié d’un montant de 6,6 millions d’euros. Ces fonds ont servi à financer l’aide d’urgence, les opérations de secours et les projets de reconstruction dans les zones sinistrées.
Après ce lancement, la banque poursuit le roadshow dans les trois autres pays pilotes bénéficiaires du projet ainsi que les autres pays de l’UEMOA.
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