Le Premier ministre du Burkina, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a expliqué aux Partenaires Techniques et Financiers (PTF) que le Burkina ne veut plus d’aide saupoudrée ou assortie de conditionnalités loin des préoccupations du pays.
A la première rencontre de l’année, le 7 mars à Ouagadougou, entre Gouvernement et les Partenaires Techniques et Financiers (PTF), le Premier ministre Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla a fait remarquer que «depuis des années, le pays a reçu pas mal de financements en matière d’aide au développement (sans qu’on ne ressente) les résultats sur le terrain».
Dès l’entame de la rencontre, il a appelé les participants à une introspection collective, soulignant que les raisons de l’échec des partenariats sont multiples et complexes.
«Peut-être que cela vient de nous ou peut-être de l’aide», a-t-il souligné, signalant ainsi la nécessité d’un examen minutieux de toutes les parties prenantes.
Le Chef du Gouvernement a ensuite insisté sur la nécessité d’une transition vers un modèle de partenariat plus équilibré et constructif. «Ce que nous cherchons de vous, c’est de nous fournir de l’aide qui peut nous aider à nous passer de votre aide pour devenir des partenaires», a-t-il affirmé.
Cette vision audacieuse de sa part met en lumière la volonté du Gouvernement burkinabè de ne plus être simplement bénéficiaire, mais un contributeur actif au processus de développement.
Dans un monde où l’aide internationale est souvent critiquée pour son manque de résultats tangibles, Dr Kyélèm de Tambèla a plaidé pour une approche plus ciblée et stratégique.
«Nous ne voulons plus du saupoudrage. Nous voulons que quand vous dites que vous nous aidez, après la phase de l’aide, qu’on puisse dire voilà ceux en quoi la population a progressé, ceux en quoi il y a eu comme émancipation des citoyens. Nous voulons que les partenaires internationaux interviennent dans les domaines structurants de l’économie», a-t-il martelé.
Par cette demande qui reflète une aspiration légitime à une aide qui soit véritablement transformative et durable, le Premier ministre a cité l’exemple positif de la coopération sino-zambienne, mettant en lumière le succès du projet de construction du chemin de fer Zambie-Tanzanie, appelé Tanzam.
«Si les partenaires veulent réellement le développement du Burkina Faso, ce n’est pas à eux de proposer leurs canevas, mais de venir nous dire, quels sont vos besoins, nous pouvons intervenir dans quels secteurs pour vraiment vous être utiles aujourd’hui et demain et c’est à ce moment que nous pourrons cheminer ensemble», a insisté le Premier ministre.
Il a par ailleurs exprimé le vœu que la rencontre Gouvernement-PTF soit un tournant au niveau de la coopération multilatérale.
«Si votre intervention est structurante, quels que soient les aléas politiques de demain et d’après-demain, nous serons toujours des partenaires, mais si votre intervention n’est pas structurante, elle sera volatile», s’est-il exprimé.
Pour lui, il y a plusieurs secteurs prioritaires au Burkina Faso qui nécessitent des investissements.
«Pour les projets structurants, nous en avons à revendre, nous avons des routes, des chemins de fer, des aéroports à construire, des universités, des écoles, des centres de santé à construire, et dans l’instant présent la lutte contre le terrorisme», a relevé le Chef du Gouvernement.
Du reste, il a souligné l’impératif de la paix et de la sécurité pour permettre au pays d’avancer vers le développement.
Il a exprimé sa préoccupation face au refus de certains partenaires internationaux d’apporter leur aide dans le rétablissement de la sécurité, élément indispensable pour garantir des investissements stables.
«Avant de dérouler tous les programmes structurants, il nous faut la paix et la sécurité, car sans sécurité, il n’y a pas d’investissement sécurisé.», a-t-il expliqué, avant d’indiquer que le partenariat avec les pays étrangers devrait être orienté vers une coopération réelle, prenant en compte les réalités spécifiques du Burkina Faso.
Et le Premier ministre de poursuivre: «Il faut savoir s’adapter, vous ne pouvez pas venir intervenir au Burkina Faso avec les mêmes créneaux et critères que dans les pays qui ne sont pas en situation d’insécurité.»
Après avoir également mis en lumière les priorités de son Gouvernement, à savoir la sécurité, la refondation de l’État et le développement, il a souligné que les élections seront organisées que si elles contribuent à atteindre ces objectifs, rejetant ainsi l’idée de tenir des élections pour le simple exercice démocratique.
«Nous ne ferons plus d’élections pour faire des élections, il faut qu’il y ait un objectif. Il faut que nous sortions notre pays de cet engrenage de pauvreté dans lequel nous sommes depuis longtemps. Il faut être clair, si les élections étaient un moyen de développement, nous serions déjà développés. On n’organise pas les élections pour organiser, on organise des élections pour atteindre un objectif. C’est quand on est des hommes politiques sans objectif qu’on organise des élections pour les élections. Nous, nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des hommes de mission», a-t-il précisé.
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Alors que le pays se trouve à un moment décisif de son histoire, confronté à des défis multiples, le Premier ministre a appelé à une solidarité internationale plus authentique et pragmatique.
«Nous pensons que les partenaires internationaux devront s’adapter à notre situation et en tenir compte dans leur relation avec le Burkina Faso», a-t-il exprimé, mettant ainsi en avant la nécessité d’une approche flexible et adaptative dans la coopération internationale.
Agence d’Information du Burkina