Togo : les députés ADDI et DMP boycottent la séance de clôture et dénoncent la répression des manifestations

Dans un contexte de vives tensions politiques et sociales, les députés de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) et de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) ont annoncé, dans une lettre ouverte datée du 29 juin 2025, leur décision de boycotter la séance plénière de clôture de l’Assemblée nationale prévue ce lundi 30 juin. Ils dénoncent la répression des manifestations citoyennes des derniers jours et appellent à une réaction institutionnelle urgente.
Une mobilisation populaire inédite
Selon les signataires, les manifestations des 26, 27 et 28 juin à Lomé et dans plusieurs villes du pays ont rassemblé plusieurs milliers de Togolais. La mobilisation, lancée par de jeunes influenceurs sur les réseaux sociaux, rejette ce que les manifestants qualifient de « coup de force constitutionnel » et exige un changement de régime.
Femmes, commerçants, jeunes et travailleurs sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère dans un mouvement pacifique, selon les organisateurs.
Répression violente et usage de la force dénoncés
Les députés de l’opposition pointent une réponse « violente et disproportionnée » des forces de l’ordre, avec le soutien de l’armée. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, et authentifiées par des ONG, montrent la présence de miliciens armés en civil, déjà aperçus lors d’épisodes antérieurs de violence politique, notamment en septembre 2024 au siège de la CDPA.
Le bilan provisoire fait état de cinq corps sans vie retrouvés dans la lagune de Lomé, de nombreuses arrestations arbitraires, de cas de torture, et de perquisitions musclées au domicile de manifestants, selon plusieurs organisations de défense des droits humains.
Des élus qui réclament une session extraordinaire
Face à ce qu’ils qualifient de « crise majeure », les députés ADDI et DMP critiquent le silence de l’Assemblée nationale, qui, selon eux, aurait dû convoquer une session extraordinaire conformément à l’article 31 de son règlement intérieur.
Dans leur lettre, ils exigent :
-
la condamnation claire de la répression ;
-
la libération immédiate des personnes arrêtées arbitrairement ;
-
l’ouverture d’une enquête indépendante sur les décès enregistrés ;
-
l’interpellation du ministre de la Sécurité ;
-
la mise en garde des forces de l’ordre contre tout abus ;
-
le respect du droit fondamental à manifester ;
-
et le refus d’organiser les élections municipales sous l’autorité d’une CENI jugée illégitime.
Un geste politique fort
« L’histoire retiendra les noms de ceux qui auront gardé le silence », écrivent les élus dans cette lettre ouverte. Ils qualifient la séance plénière prévue de « mascarade institutionnelle » et dénoncent une Assemblée devenue « chambre d’enregistrement docile ».
Pour les signataires, participer à cette plénière reviendrait à trahir la confiance du peuple et à se rendre complice des violences subies. Ils appellent à une session extraordinaire pour « trouver une issue durable à la crise politique actuelle » née de la promulgation contestée de la Constitution de la Ve République.
La lettre est notamment signée par le Professeur Gogué Tchabouré, M. Wonyra Kossivi (député ADDI), et Mme Adjamagbo-Johnson Kafui (députée DMP), figures de l’opposition parlementaire togolaise. Leur prise de position vient relancer le débat sur la capacité des institutions nationales à répondre aux aspirations démocratiques d’une population en quête de changement.