Plus de 150 personnalités internationales dont les présidents Sud-Africain Cyril Ramaphosa, Sénégalais Macky Sall, et Ghanéen, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo ont lancé un appel à un accès pour tous du futur vaccin contre la Covid-19.
« Seul un vaccin pour tous – dont l’égalité et la solidarité sont la base – peut protéger toute l’humanité et permettre à nos sociétés de fonctionner en toute sécurité. Un accord international audacieux ne peut pas attendre », souligne l’appel qui rappelle la vulnérabilité de l’humanité d’aujourd’hui face à ce virus.
Dans cette lettre ouverte, elles appellent tous les gouvernements à s’unir derrière un vaccin populaire contre Covid-19. Cet appel a été lancé quelques jours avant que les ministres de la santé ne se réunissent virtuellement pour la 73e Assemblée mondiale de la santé prévue le lundi 18 mai.
L’objectif est de « garantir que les vaccins, diagnostics, tests et traitements de la Covid-19 sont fournis gratuitement à tous, partout. L’accès doit être prioritairement réservé aux travailleurs de première ligne, aux personnes les plus vulnérables et aux pays pauvres les moins à même de sauver des vies », ont-elles relevé.
Face à cette douloureuse pandémie mondiale, le monde sera plus sûr que lorsque tout le monde pourra avoir accès à un vaccin. « Ce qui est un défi politique », ont-ils admis, invitant l’Assemblée mondiale de la santé à parvenir à un accord mondial qui garantisse un accès universel rapide à des vaccins et à des traitements de qualité. Une façon de rappeler que « les besoins sont prioritaires sur la capacité de payer ».
Un vaccin exempt de brevet et gratuit pour tous – Président sud-africain Cyril Ramaphosa
« Des milliards de personnes attendent aujourd’hui un vaccin qui est notre meilleur espoir de mettre fin à cette pandémie », a déclaré le Président sud-africain Cyril Ramaphosa, cité dans le communiqué.
« En tant que pays d’Afrique, nous sommes résolus à ce que le vaccin contre Covid-19 soit exempt de brevet, rapidement fabriqué et distribué, et gratuit pour tous. Toute la science doit être partagée entre les gouvernements », a-t-il ajouté, insistant pour que personne ne soit reléguée « au dernier rang de la file d’attente des vaccins en raison de son lieu de résidence ou de ses revenus ».
Pour toutes ces personnalités internationales, ce n’est pas le moment de favoriser les intérêts des entreprises et des gouvernements les plus riches, au détriment de la nécessité universelle de sauver des vies, ou de laisser cette tâche importante et morale aux forces du marché. Dans l’intérêt de toute l’humanité, elles prônent donc un accès aux vaccins et aux traitements. « Nous ne pouvons pas laisser des monopoles, une concurrence grossière et un nationalisme myope faire obstacle à cet accès à la santé », ont-elles mis en garde.
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La lettre ouverte, coordonnée par l’ONUSIDA et l’ONG Oxfam, avertit que le monde ne peut pas se permettre d’avoir des monopoles qui peuvent faire obstacle à la nécessité universelle de sauver des vies.
« Il s’agit d’une crise sans précédent et elle exige une réponse sans précédent », a déclaré l’ancienne Présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf. « Tirant les leçons de la lutte contre le virus Ebola, les gouvernements doivent lever tous les obstacles au développement et au déploiement rapide des vaccins et des traitements. Aucun intérêt n’est plus important que la nécessité universelle de sauver des vies ».
L’Assemblée mondiale de la santé invitée à se rallier à la cause d’un vaccin pour tous
En écho à ces propos du prix noble de la paix libérienne, les dirigeants mondiaux ont d’ailleurs rappelé cette maxime populaire selon laquelle « ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter ».
« Mais nous devons également nous souvenir des victoires révolutionnaires des mouvements de santé, notamment des militants et des défenseurs de la lutte contre le sida qui se sont battus pour l’accès de tous à des médicaments abordables », ont-elles fait valoir.
En plaidant pour un accord mondial, ces personnalités internationales souhaitent que les vaccins, les diagnostics et les traitements contre le nouveau coronavirus soient mis en œuvre sous la direction de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L’objectif est de garantir le partage mondial « obligatoire » de toutes les connaissances, données et technologies liées à la Covid-19, avec un ensemble de licences Covid-19 librement accessibles à tous les pays. Les pays devraient être autorisés à utiliser pleinement les sauvegardes et les flexibilités convenues dans la déclaration de Doha sur l’accord sur les propriétés intellectuelles et la santé publique afin de protéger l’accès aux médicaments pour tous.
Il s’agit aussi d’établir un plan mondial et équitable de fabrication et de distribution rapide – entièrement financé par les pays riches – pour le vaccin. En somme, garantir la transparence « au prix coûtant réel » et l’approvisionnement en fonction des besoins. Le but est de rappeler l’urgence d’agir pour renforcer massivement les capacités mondiales de fabrication de milliards de doses de vaccins et pour former et recruter les millions d’agents de santé rémunérés et protégés nécessaires pour les administrer.
Dans cette bataille de l’opinion, ces dirigeants mondiaux demandent aux ministres de la santé réunis à l’Assemblée mondiale de la santé de se rallier d’urgence à la cause d’un vaccin pour tous contre cette maladie. Grâce aux efforts inlassables des secteurs public et privés, et à des milliards de dollars de recherche financée par les pouvoirs publics, la découverte d’un vaccin potentiel progresse « à une vitesse sans précédent » et plusieurs essais cliniques ont déjà commencé.
Pour une gouvernance démocratique et transparente sous l’égide de l’OMS
Ce faisant, personne ne peut être laissé pour compte. « Une gouvernance démocratique et transparente doit être mise en place par l’OMS, avec la participation d’experts indépendants et de partenaires de la société civile, ce qui est essentiel pour garantir la redevabilité de cet accord », ont conclu les personnalités internationales.
Parmi les plus de 150 signataires de cette tribune, figurent le Président de l’Afrique du Sud et de l’Union africaine, Cyril Ramaphosa, le Premier ministre du Pakistan, Imran Khan, le Président du Sénégal, Macky Sall, et son homologue du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo.
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L’ancienne Présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, l’ancien Premier ministre du Royaume-Uni, Gordon Brown, l’ancien Président du Mexique, Ernesto Zedillo, l’ancien Président brésilien Fernando Henrique Cardoso, l’ancienne Premier ministre de la Nouvelle-Zélande, Helen Clark ou l’ancienne Présidente de l’Irlande, Mary Robinson, figurent aussi sur la liste des signataires.
Ils rejoignent d’éminents économistes et des défenseurs de la santé, tels que le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, l’économiste français Thomas Piketty, le Directeur du centre africain de contrôle et de prévention des maladies, le Dr John Nkengasong, le Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté, Olivier De Schutter ou Dainius Puras, le Rapporteur spécial sur le droit à la santé.
Au sein du système des Nations Unies, il y a aussi Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA et Vera Songwe, Cheffe de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique. L’ancienne Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Louise Fréchette signe également cette tribune aux côtés de l’ancienne Présidente de l’Assemblée générale de l’ONU, Maria F. Espinosa ou de Carol Bellamy, ancienne directrice générale de l’UNICEF et Irina Bokova, ancienne Directrice générale de l’UNESCO.