
Plusieurs initiatives de fabrication de solutions hydroalcooliques ont été lancées au Togo pour parer au déficit et, à la flambée des prix sur le marché.
Le Togo est touché à son tour par la pandémie du Covid-19, le 6 mars 2020. Face aux multiples appels incitant à se laver les mains ou à les désinfecter avec des solutions hydroalcooliques, une forte demande a été observée conduisant à une augmentation des prix sur le marché et une rupture de stocks dans les pharmacies et chez des fournisseurs classiques. Les coûts des flacons de 470 à 500 ml vendus habituellement entre 2000 et 2500 F Cfa ont triplé voire quadruplé.
« Non seulement les produits hydroalcooliques manquent, il y a aussi une forte augmentation des coûts », se lamente Kossi Ségbe devant le comptoir d’une pharmacie. « Les solutions sont plus pratiques d’utilisation, mais elles sont rares dans le pays », peste Kodjo. Une angoisse que comprend le président de l’Ordre des pharmaciens du Togo, Dr Innocent Kpéto. « Les pharmacies ont été en rupture de stock à cause de la forte demande (…) ces produits sont rarement dans le circuit régulier avant cette pandémie, ce qui peut expliquer la flambée et son absence dans les officines », confie-t-il estimant qu’ils ont été beaucoup indexés.
« Notre profession a été tout de suite confrontée à la pandémie de covid-19. Dès le premier cas au Togo, nous étions devenus le premier contact des agents de santé et surtout de la population. Quand cette dernière est inquiète, les pharmacies sont les lieux d’entrée où elle pousse la porte et rentre pour s’informer », ajoute le président de l’ordre.
Devant cette population anxieuse qui ne cherche que des produits pour se protéger, la profession s’est mobilisée pour satisfaire la demande.
Des fabrications en officine
Des officines de pharmacie ont été transformées en site de fabrication de solutions hydroalcooliques avec un point d’honneur sur le protocole défini par l’Organisation mondiale pour la santé (OMS). Dans la capitale cinq pharmaciens se sont jetés dans la production de ces produits proposés entre 1500 et 3500 F Cfa à la population. « L’initiative de production a été prise par l’ordre national des pharmaciens du Togo et elle vise à aider la population togolaise à se protéger contre la pandémie du coronavirus et surtout à contribuer à la diminution des prix sur le marché », souligne Dr Assouma Akim Françoise, pharmacienne stagiaire et responsable de la production dans une pharmacie de la place.
Dans cette officine située à l’entrée d’un quartier chic de la capitale de Lomé, l’équipe a donc suivi cette formule : l’éthanol 96%, peroxyde d’hydrogène 3%, glycérol 98% et de l’eau distillée ou eau bouillie refroidie. Une partie des matières a été achetée à la faculté des sciences de la santé de l’Université de Lomé et d’autres produits chez des distributeurs.
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Embouteillés dans des contenants de 100 ml à 500 ml, les produits ont été ensuite mis en vente dans la pharmacie et distribués à d’ autres pour faire diminuer les coûts et répondre à la demande. « Cette initiative a permis de réduire la pression sur ce produit et de le rendre un peu plus disponible », se réjouit le président de l’Ordre, Dr Innocent Kpéto.
Dans les pas de leurs aînés
Parallèlement aux initiatives prises par l’Ordre, une dizaine d’étudiants en parcours pharmacie à la faculté des sciences de la santé de l’université de Lomé, se sont également lancés. Selon le président de l’Association des Etudiants en Pharmacie du Togo (AEPHAT), Elom Akpalo, 10 000 litres de solutions ont été produites depuis le lancement « Nos solutions servent notamment de désinfectants de qualité », glisse-t-il.
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Si les solutions étaient d’abord conditionnées dans des flacons de 470 ml, proposés à l’unité entre 2500 et 3500 francs CFA, elles sont désormais versées directement dans des bidons d’un litre que les acheteurs apportent eux-mêmes. La faute à la fermeture de la frontière avec le Ghana voisin où se trouve le fournisseur de flacons. Les travaux sont suivis par les professeurs de la faculté.