
L’Assemblée nationale a lancé mardi 24 juin 2025, à Lomé, un séminaire d’information et de communication sur la lutte contre les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés. Une initiative portée par le Parlement en collaboration avec la Fondation Brazzaville et le ministère de la Santé, avec pour objectif de sensibiliser les députés et de renforcer l’engagement législatif autour de cette problématique de santé publique.
Dans son mot d’ouverture, le Président de l’Assemblée nationale, Kodjo Adédzé, a appelé à une prise de conscience collective. « Ce séminaire n’est pas une simple rencontre, mais un cri d’alerte, un appel à l’action pour que plus aucun enfant ne meure à cause d’un faux médicament », a-t-il lancé, plaidant pour une implication active des parlementaires dans la bataille contre ce fléau silencieux.
Même tonalité du côté du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Professeur Tchin Darre, qui a mis en garde contre les conséquences désastreuses des produits médicaux falsifiés : « Ce trafic compromet l’accès à des soins de qualité, affaiblit notre système de santé et menace notre ambition de couverture sanitaire universelle. »
Ce séminaire s’inscrit dans le cadre de l’Initiative de Lomé, lancée en 2020 et soutenue par la Fondation Brazzaville. Elle vise à inciter les pays africains à criminaliser le trafic de médicaments falsifiés et à renforcer leurs législations. Les participants ont été sensibilisés à l’importance d’adhérer à des conventions internationales telles que la Convention MEDICRIME du Conseil de l’Europe, la Convention de Palerme de l’ONU, ou encore le traité instituant l’Agence Africaine du Médicament.
Un trafic qui prospère sur la faiblesse des contrôles
Les données présentées sont alarmantes : un médicament sur dix dans les pays à faibles revenus est soit falsifié, soit de qualité inférieure. En Afrique subsaharienne, 70 à 90 % des médicaments sont importés, créant un terrain propice au développement du marché noir. La faiblesse des contrôles aux frontières et l’absence d’un cadre légal suffisamment dissuasif contribuent à la prolifération du phénomène.
Promouvoir la production locale et la recherche
Pour Foulo Basse, Directeur général de la Fondation Brazzaville, l’une des réponses durables à ce fléau réside dans le renforcement de la production locale des médicaments et la formation des professionnels. Il a annoncé le lancement d’une chaîne universitaire à la Sorbonne, destinée à former de jeunes Africains dans le domaine de la recherche pharmaceutique, avec un accompagnement jusqu’au niveau doctoral.
Des députés réceptifs et engagés
Les députés, très réactifs lors des échanges, ont salué l’initiative et exprimé leur volonté d’aller plus loin. Plusieurs élus ont soulevé des préoccupations concrètes : comment identifier efficacement les médicaments falsifiés, quels mécanismes de contrôle mettre en place, ou encore comment renforcer la pharmacovigilance à l’échelle nationale.
Certains ont également mis l’accent sur la valorisation de la pharmacopée traditionnelle, suggérant la création d’un centre de recherche dédié aux traitements issus des savoirs locaux. L’objectif : proposer des alternatives sûres, accessibles et adaptées aux réalités sanitaires du pays.
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Ce séminaire pourrait ouvrir la voie à l’adoption prochaine de lois spécifiques pour criminaliser plus fermement le trafic de médicaments contrefaits au Togo. Une démarche saluée par tous les intervenants, qui voient en cette mobilisation parlementaire un levier essentiel pour endiguer un phénomène qui tue en silence.