
Les terres se transmettent de génération en génération, parfois non sans heurts, surtout en l’absence de documents de propriété fiables. Dans plusieurs localités du territoire, les familles ne disposent pas de moyens pour prouver sans l’ombre d’un doute que les parcelles exploitées sont les leurs. C’est bien un frein à l’expansion de l’agriculture, secteur qui occupe plus de 60% de la population active.
C’est alors que le Projet de réforme foncière pour l’accroissement de la productivité agricole (LRAP) est apparu. Piloté par l’Organisme de mise en œuvre du Millennium Challenge Account (OMCA-Togo), il se veut un mécanisme pour rentabiliser les activités agricoles à travers l’enregistrement et la sécurisation des terres.
Des tests d’optimisation effectués
En amont, toutes les stratégies utilisées par les collectivités elles-mêmes se sont montrées improductives. Jusqu’à ce que n’intervienne le projet LRAP dont font partie les Tests d’optimisation des procédures foncières (TOP).
Des sites en sont bénéficiaires dans la préfecture de Tchamba. Des collectivités de cette zone sont arrivées à se mettre d’accord sur les limites de leurs terres cultivables respectives grâce à ces tests qui favorisent l’utilisation des outils innovants. À terme, ils permettront d’élaborer des textes d’application du Code foncier et domanial.
Tout a changé en quelque temps
C’est en avril 2023 que les parties prenantes se sont retrouvées au Centre des loisirs de Kaboli après trois (03) semaines de médiation, de formations, de pratiques et de réalisations diverses. Aurel Djogbenou est l’expert en cartographie et géo référencement des parcelles actif sur le projet : « Nous avons remarqué qu’il y a des chevauchements entre des parcelles. La première chose qui a été faite a été d’amener les différents camps au dialogue ».
Ensuite « nous avons formé les membres des collectivités aux techniques de bornage. Après la formation, nous nous sommes rendus sur les terres avec eux et là où il y a consensus, les deux collectivités creusent le trou et mettent la borne […]. Une autre étape a été de les doter d’une technologie déployée sur des téléphones pour éviter les mésententes et intensifier par ricochet le développement agricole dans la zone ».
Le résultat est convainquant
C’est la principale conclusion du préfet de Tchamba : « Ce qui me séduit particulièrement c’est la facilité avec laquelle les techniciens du projet ont créé une dynamique et une adhésion de toutes les familles qui parlent maintenant d’une seule voix. Lorsqu’il s’agit surtout de questions foncières, ce n’est pas une chose qui était acquise auparavant ». L’autorité locale a assisté avec satisfaction à la délimitation des bornes entre les collectivités.
Passer le cap supérieur
C’est ce qu’assure le chef de mission Egy Sosou maintenant que l’essai de Tchamba a été réalisé avec succès : « Ce test était primordial pour nous permettre de mieux affiner nos méthodologies. Il va falloir étendre les processus que nous avons menés jusque-là et avoir les mêmes résultats ».
D’autres préfectures comme Zio, Wawa, Dankpen et Oti Sud sont ciblées par le projet LRAP qui ne jure que par l’optimisation du cadre réglementaire du foncier rural ; l’accroissement de l’accès aux terres formalisées et l’augmentation de la productivité ainsi que des investissements agricoles.
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