La Conférence des Evêques du Togo(CET) a annoncé le dimanche 4 août 2024 la nouvelle du rappel à Dieu de Son Excellence Mgr Yves-Nicodème Anani Barrigah-Benissan, Archevêque Métropolitain de Lomé dans sa 61 année dont 37 ans de ministère sacerdotal et 16 ans de ministère épiscopal.
Cette information intervient à un moment où on s’y attendait le moins. Chrétiens que nous sommes nous nous posons des questions. Pourquoi si tôt ? Aucune réponse à donner à cette interrogation. En effet, en face des situations limites (la souffrance, la mort par exemple) qui nous dépassent, nous ne pouvons que nous tourner vers le Maître de la Vie et de la Mort à qui nous nous en remettons. Quel a été le parcours de cet homme de Dieu ? Que laisse-t-il à l’Eglise ?
Né le 19 mai 1963 à Ouagadougou(Burkina-Faso). En 1966, sa famille retourne au Togo où il commence ses études primaires à l’école catholique de Nyékonakpoé à Lomé, de 1967 à 1974. Il poursuit ensuite sa formation au Petit Séminaire Saint Pie X d’Agoènyivé jusqu’en 1981. Mgr Barrigah-Bénissan se rend ensuite à Ouidah au Bénin pour poursuivre ses études en philosophie et en théologie au Grand Séminaire Saint Gall, jusqu’en 1987. Il est ordonné prêtre le 8 août 1987 par Mgr Robert Tonyui Dosseh Anyron à la Cathédrale Sainte Trinité d’Atakpamé. Après une année en tant que vicaire paroissial à Lomé, il poursuit ses études théologiques à l’Institut Catholique d’Abidjan en Côte d’Ivoire, puis en exégèse à Rome de 1990 à 1993. Il reste à Rome jusqu’en 1997 pour des études de Droit Canonique et de diplomatie. Entre 2000 et 2008, Mgr Barrigah-Bénissan travaille comme secrétaire et conseiller de la Nonciature au Rwanda, au Salvador, en Côte d’Ivoire et en Israël. Le 9 mars 2008, il est consacré évêque, devenant ainsi le quatrième évêque d’Atakpamé (2008-2019).
Nommé archevêque de Lomé le 23 novembre 2019, il avait pris ses fonctions le 11 janvier 2020, succédant ainsi à Mgr Dénis Amuzu-Dzakpah avec pour dévise épiscopale : « Beati pacifici » (Heureux les artisans de paix) cf. Mt 5,9. En effet, pour lui « l’obstacle majeur à la paix tient à l’incapacité pour l’être humain de sortir de soi pour aimer l’autre en vérité. C’est sous le signe de cette paix à construire chaque jour dans l’oubli de soi, que je voudrais placer mon ministère dans l’archidiocèse de Lomé. » En tant qu’archevêque de Lomé, Mgr Barrigah-Bénissan a créé de nombreuses paroisses, quasi-paroisses, et de nouvelles communautés chrétiennes. Aussi a-t-il ordonné des prêtres et des diacres pour le service de l’Eglise.
Mgr Barrigah-Bénissan s’est distingué au grand public en dirigeant les travaux de la Commission « Vérité, Justice et Réconciliation » chargée de faire la lumière sur les violences politiques survenues au Togo de 1958 à 2005. Au sein de la Conférence des évêques du Togo(CET), il avait en charge le Service Episcopal du Développement Humain Intégral regroupant Justice et Paix, OCDI/Caritas, Mer/Migrants et Tourisme.
Auteur de la pièce de théâtre « Le Trône royal » publié en 1993, il est récompensé du grand prix de la littérature togolaise en 2020 pour cette œuvre. Dans cet ouvrage, il évoque certaines traditions africaines, ainsi que la place de la figure féminine et celle de la prédestination. Mgr Barrigah aurait marqué plus d’un par ses talents musicaux. En effet, il laisse derrière lui une centaine de chants, réunis en six albums.
Mgr Barrigah laisse à l’Eglise et à la nation togolaise l’héritage de la foi. En effet, il a marqué le peuple de Dieu durant son bref séjour sur la terre des hommes non seulement par ses enseignements, et ses morceaux musicaux mais aussi par son exemple. En effet, comme prêtre et comme évêque, il a servi l’Eglise avec foi, amour et dévouement. On peut le dire sans risque de se tromper qu’il a mené le beau combat de la foi. Oui, le prélat défunt peut se réjouir aujourd’hui d’avoir gardé la foi comme St Paul :« J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. » (2 Tim 4, 7).
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En face d’un monument comme Mgr Yves-Nicodème Anani BARRIGAH-BENISSAN, on ne saurait tout dire. Plaise au Seigneur de l’accueillir maintenant auprès de Lui. Merci de nous l’avoir donné. Merci pour le Pasteur qu’il a été au milieu de nous. Merci pour son engagement en faveur de la paix. Que ses œuvres l’accompagnent ! Puisse-t-il s’entendre dire : « Serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. » (Mt 25, 21) Que son exemple nous stimule. Requiescat in pace !