
Il est revenu d’un lieu que beaucoup ne quittent pas. Un mois jour pour jour après son internement controversé dans le centre psychiatrique de Zébé à Aného, l’artiste togolais Aamron a brisé le silence.
Sur TikTok, dans un message diaspora sonore, sobrement intitulé « Prenez-la, ma vie désormais vous appartient (Part 1) », l’artiste devenu symbole d’un peuple en lutte, s’adresse aux Togolais avec une gravité qui tranche avec le bavardage habituel des réseaux après un mois d’effacement.
Un mois de « mort sociale » que seule la mobilisation populaire, numérique, invisible, spirituelle a permis de rompre.
Dans cette longue adresse, empreinte de spiritualité et de ferveur patriotique, l’artiste engagé revient sur les circonstances de son interpellation nocturne du 26 mai, qu’il qualifie de brutale et traumatisante. Hospitalisé d’office le lendemain pour ce qui a été décrit comme une « défaillance mentale », AAMRON affirme qu’il s’agissait d’un sacrifice assumé destiné à provoquer un électrochoc national.
« J’avais décidé d’offrir ma vie en sacrifice (…) pour que tout un peuple retrouve sa dignité, son honneur, son courage », déclare-t-il dans une séquence très suivie sur les réseaux sociaux.
Un cri d’alerte et un appel à l’unité
Décrivant la société togolaise comme plongée dans un « coma collectif », l’artiste évoque le silence des aînés, l’inaction des élites, l’ignorance des droits, et le besoin d’un choc émotionnel pour réanimer la conscience nationale. Il se présente comme un agneau sacrificiel, conscient des risques qu’il encourait, mais convaincu de la nécessité d’un acte fort pour secouer l’apathie populaire.
« En toute honnêteté, je n’avais aucune garantie que mon action porterait des fruits (…) Mais j’ai fait le choix de mourir debout pour que nos enfants puissent vivre là où d’autres ont accepté de survivre à genoux », lance-t-il.
Reconnaissant qu’il aurait pu ne jamais sortir vivant de ce qu’il qualifie de « condamnation à mort », AAMRON remercie le peuple togolais et ses soutiens internationaux pour leur mobilisation. Il affirme que c’est cette mobilisation qui a « brisé les chaînes invisibles de la captivité » et permis son retour parmi les siens.
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Un message de réconciliation
Malgré la radicalité de son propos, l’artiste lance un appel à l’unité nationale, refusant toute logique de vengeance ou de division :
« Que nous soyons militaires ou civils, dirigeants ou dirigés, nous sommes tous des Togolais », martèle-t-il en fin de message.
Ce discours, publié en plusieurs volets, intervient dans un climat sociopolitique tendu au Togo, marqué par des manifestations, des dénonciations d’atteinte aux libertés et une opinion publique de plus en plus mobilisée sur les réseaux.
La deuxième partie de son message, annoncée comme la suite logique de ce témoignage, est très attendue.
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